Houphouët-Boigny: 30 ans après sa mort, le PDCI cherche son avenir

Venance Konan revient dans un article publié ce jour sur la mort d'Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire, survenue le 7 décembre 1993.

Il y a trente ans. Nous étions le 7 décembre 1993. J'étais dans un car et je revenais d'un voyage au Mali. Après Ferkessédougou, j'ai entendu le nom d'Houphouët-Boigny revenir plusieurs fois dans les conversations de certains de mes compagnons de voyage. Je ne comprenais rien à ce qu'ils disaient. Je n'ai donc pas compris qu'ils parlaient de la mort de Félix Houphouët-Boigny. C'est à Bouaké, où j'arrivai vers 20 heures, que je compris que quelque chose n'allait pas dans le pays. Au centre-ville, je vis tous les maquis vides, fermés.

C'est à l'hôtel du Centre où je pris une chambre que j'entendis à la télévision que le président Houphouët-Boigny était mort ce jour-là. Quelques jours plus tôt, nous l'avions tous vu revenir d'Europe sur une civière, et nous nous attendions plus ou moins à son décès. Mais l'annonce de cette mort nous déboussola tous. Nous étions nombreux à avoir grandi, je dirais même vécu avec Houphouët-Boigny. Lorsque j'étais enfant, on nous racontait des histoires fantastiques sur son compte. Entre autres comment il pouvait se transformer en enfant ou simplement disparaître subitement pour échapper à ses ennemis. Il avait régné si longtemps que l'on avait fini par le croire immortel.

Lorsque j'étais étudiant, je fus de ses opposants. Je fus de ceux qui organisèrent la grève de février 1982 pour protester contre l'interdiction d'une conférence que devait animer un certain Laurent Gbagbo au « Théâtre de la Cité ». Nous fûmes arrêtés et envoyés au camp militaire d'Akouédo pendant deux jours.

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Pour être honnête, on ne nous fit rien du tout. Ce fut un peu compliqué pour avoir à manger, mais nous ne mourûmes pas de faim, nous ne subîmes aucun mauvais traitement, et on nous libéra au bout de deux jours. Quelques mois plus tard, j'obtins une bourse que je n'avais pas demandé pour aller faire un troisième cycle en France, tout comme tous mes autres amis qui rédigeaient avec moi des tracts traitant Houphouët-Boigny de dictateur.

A notre retour d'études, entrés dans la vie active, certains d'entre nous, dont je faisais partie, regardèrent Houphouët-Boigny autrement. Avec un peu plus de nuances et beaucoup de compréhensions. Nous comprenions un peu mieux la marche du monde, les relations internationales et l'histoire des peuples. D'autres restèrent dans leur opposition à sa politique. En 1993, un 7 décembre, Houphouët-Boigny nous quitta pour rejoindre ses ancêtres.

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Il y a dix ans. Nous commémorions les vingt ans du décès d'Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d'ivoire, celui que l'on appelait le « Père de la nation ». Fraternité Matin que je dirigeais alors avait organisé à Yamoussoukro une grande exposition sur sa vie. Le Président de la République se trouvait en France pour une conférence sur la sécurité en Afrique.

Il dépêcha son directeur de cabinet, M. Marcel Amon-Tanoh pour aller voir à quoi ressemblait cette exposition. J'allai avec lui en avion spécial à Yamoussoukro. Il fit rapport au Président, qui abrégea son séjour en France pour venir inaugurer notre exposition. Puis il alla en Afrique du sud pour les obsèques de Nelson Mandela qui était décédé deux jours plus tôt.

Trente ans après. Tout indique que c'est un descendant d'Houphouët-Boigny qui prendra la tête du parti qu'il fonda en 1946. Ce parti, qui était une sous-section d'une organisation plus vaste qui avait des visées panafricaines, le Rassemblement démocratique africain (RDA), en est réduit aujourd'hui à se cantonner au pays baoulé de Côte d'Ivoire.

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Maurice Kacou Guikahué, le secrétaire exécutif du parti qui voulait le présider a vu sa candidature invalidée pour des raisons pour le moins biscornues. Disons, pour simplifier les choses, que l'on cherche quelqu'un qui a de l'argent, et lui, Guikahué, n'en a pas. Certains disent même qu'il est capable de vendre le parti au plus offrant.

Donc, comme , le futur président du PDCI, semble avoir un peu plus d'argent que les autres, ou du moins, semble un peu plus disposé que d'autres à dépenser son argent, on va lui donner le parti en piétinant un peu ou beaucoup les textes. Tout ce qu'on lui demande c'est de conduire le parti au pouvoir d'Etat. Pour que le PDCI revienne au pouvoir comme au temps d'Houphouët-Boigny. Mais ça, c'est une autre histoire.

Venance Konan

Written by Venance Konan

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