Jean Bonin: « en 2025, pourquoi je voterai de Ouattara et pas Bédié ni Gbagbo »

« En 2025, qui voterais-je de Ouattara, Bédié ou Gbagbo ? » dans son analyse, Jean Bonin révèle son choix pour la présidentielle ivoirienne.

Cette question, on me la pose très souvent. Difficile d’y répondre car mon souhait serait que tous les trois se retirent. Par ailleurs, il y a de nombreux impondérables à prendre en compte tels que la qualité des autres candidats, la validation de leur candidature respective par le conseil constitutionnel, leur état de santé ou encore le parti dans lequel, éventuellement, je militerai à ce moment-là.
Partons tout de même du postulat, peu probable, que tous les trois, qui ne seraient pas moins 1er choix, auraient leur candidature validée et qu’ils se porteraient comme un charme. Dans une telle hypothèse, mes critères de choix tiendraient à des considérations empiriques et factuelles.

1 – Gbagbo Laurent
Je ne le voterai pas pour trois (3) raisons principales :

Il a été incapable de canaliser la rébellion de 2002 alors qu’il disait être informé de tout ce qui se tramait au Burkina Faso contre son régime. Qui ne se souvient de son fameux « on voit le dos du nageur ». Gouverner c’est prévoir, anticiper et gérer la situation. Ce serait donc un euphémisme que de dire qu’il n’a pas été à la hauteur et l’homme de la situation.

Il a été incapable de mettre le pays en chantier. Évidemment, la rébellion ne peut être un prétexte suffisant pour excuser cet échec dans la mesure où lui-même disait contrôler la partie utile du pays. De nombreux pays en conflit ouvert arrivent à se développer de façon significative. C’est le cas notamment en Israel avec le conflit Palestinien ou, plus proche de nous, du Sénégal et sa rébellion Casamançaise.

il a été incapable de mettre de l’ordre dans sa famille politique. Dans l’indifférence totale de Gbagbo, les rapports entre plusieurs barrons du régime étaient exécrables. Simone Gbagbo ne parlait pratiquement pas à Affi. La guéguerre entre Lida et Boga était connue de tous. Damanas Pickass menait une guerre de positionnement contre Blé Goudé… Gbagbo surfait sur les conflits interne selon la théorie du diviser pour mieux régner. Par exemple, sa solution pour « régler » le conflit entre Bohoun Bouabré et Tagro Desiré était d’aller manger chez l’un à midi et dormir chez l’autre le même soir, sans jamais les réunir pour sceller entre eux la paix des braves.

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2 – H. K. Bédié
Je ne le voterai pas pour trois (3) raisons principales :

Son incapacité à donner un nouveau souffle au PDCI en valorisant la jeune génération de ce parti qui regorge de cadres pourtant très compétents. À titre d’exemple, qu’un J. Louis Billon ne soit pas au nombre des vice-présidents que compte ce parti et soit relégué depuis de nombreuses années au rang de secrétaire exécutif adjoint est assez significatif. Ce qu’il est incapable de faire au niveau d’un parti, il ne le fera pas au niveau Etatique.

Son incapacité à gérer la crise militaire de 1999 qui l’a emporté, et avec lui son régime, alors que de l’avis de plusieurs diplomates en poste, cette cerise aurait pu être réglée par le dialogue. Le dialogue n’est pas dans son ADN. C’est comme ça par exemple qu’il a imposé le fameux « Appel de Daoukro » sans discussion ni recours aux instances du parti.

Son incapacité à s’ouvrir sur le monde et à défendre quelquefois des thèses proches de l’ultra nationalisme alors que la Côte d’Ivoire n’a plus besoin de s’engouffrer dans la logique ivoiritaire. Par ailleurs, en dehors de la soif de vengeance qui l’étreint, personne n’a entendu ses idées sur le chômage, la santé, l’éducation, la réconciliation, la sécurité…

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3 – A. Ouattara
En dépit de ce que je l’ai longtemps et durement combattu, je voterai Ouattara pour trois (3) raisons principales :

sa capacité à gérer des crises politiques et militaires majeures. La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays qui gère relativement bien le péril terroriste dans notre sous-région. Toutes les mutineries qui auraient pu renverser son pouvoir ont été étouffées dans l’œuf. Les plans de déstabilisation du pouvoir ourdis à l’extérieur du pays ont tous été éventés et neutralisés.

sa capacité à rassembler son camp autour de lui. Il met un point d’honneur à garder la cohésion dans ses rangs et évite que la chienlit s’y installe. Même si certains, à l’image de Soro, Bedié, Mabri ou Duncan, ont quitté le RHDP ce n’est pas faute d’avoir tout mis en œuvre pour qu’il y restent. Nul n’étant tenu à l’impossible, il a fini par prendre acte de leur départ.

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il a une indiscutable vision de développement de la Côte d’Ivoire qu’il veut repositionner comme un pays qui comptera en Afrique dans les prochaines années. Malgré quelques tâtonnements sur la question de la corruption et le volet social de son programme de gouvernement, force est de reconnaître qu’il a abattu, aux dires de Bédié, un travail formidable à la tête du pays. Le bilan est donc globalement positif or l’adage enseigne « qu’on ne change pas une équipe qui gagne ».

Written by Jean Bonin

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« En 2025, je ne voterai pas Gbagbo pour 3 raisons principales » – Jean Bonin