Comment l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo doit-il gagner l'admiration des ivoiriens ? la réponse avec le pro-Affi, Jean Boni.
Certains s'offusquent de ce que je tire depuis quelques jours mon chapeau à Ouattara. Ceux qui me suivent auraient pourtant dû comprendre que je ne juge pas un individu pour ce qu'il est ou dit mais pour ce qu'il fait. J'ai combattu Ouattara hier pour sa propension au nombrilisme, son autoritarisme et la nature autocratique de son régime. Aujourd'hui, je l'encense pour les actes en faveur de la consolidation de la démocratie participative qu'il ne cesse de poser. C'est une question de logique et d'honnêteté intellectuelle.
Je salue aujourd'hui sa grandeur d'esprit, sa maturité et le réalisme politique dont il fait preuve car jai beau jeter un coup d'œil devant ou derrière moi je ne vois, pour l'heure, aucun de ceux de sa génération, ayant été chef d'Etat, faire ce qu'il a fait :
- renoncer au pouvoir d'Etat,
- soutenir sans ambiguïté un dauphin.
Houphouet, 30 ans de pouvoir, ne l'a pas fait, jusqu'à sa mort (au pouvoir). Il n'hésitait d'ailleurs pas à dire publiquement qu'un chef Akan ne parle pas de sa succession.
Bedié, après avoir « succédé » à Houphouet a été emporté du pouvoir. Tout laissait présager qu'il ferait comme Houphouët, dont il se réclame,d'autant que la constitution de 1999 ne contenait ni limitation de l'âge ni limitation du mandat.
Gueï qui bien qu'ayant perdu dans les urnes avait voulu se maintenir par les armes n'avait donné aucun gage qu'il ne serait pas éternisé au pouvoir s'il avait pu le conserver par la force.
Gbagbo, après un mandat de fait de 10 ans, était en course en 2010 pour un autre mandat de 5 ans. Soit 15 ans effectif de pouvoir s'il avait pu conserver le pouvoir en 2011.
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À 86 et 75 ans, Bedié et Gbagbo sont à la recherche d'une certaine réhabilitation populaire et électorale parce qu'ils estiment, chacun en ce qui le concerne, qu'ils ont perdu le pouvoir à cause des armes et non dans les urnes. D'une certaine façon, comprends le (re)sentiment qui les anime.
En toute sincérité, je pense que la meilleure réhabilitation sociale et politique qu'ils pourraient aujourd'hui recevoir c'est que chacun d'eux soutienne son poulain et qu'il en fasse un roi. « Faiseur de roi », c'est la meilleure revanche qu'ils pourraient prendre sur l'histoire et sur leur adversaire commun d'hier qui, de lui-même, sort de l'arène politique.
Pour l'heure, contrairement à Ouattara, ils semblent vouloir aller « jusqu'au bout » d'une ambition politique qui a toutes les chances d'être infertile, car, avec son départ volontaire, Ouattara a redistribué les cartes… pour qu'une nouvelle génération prenne en main les choses.
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Gbagbo gagnera mon admiration le jour ou il fera preuve de réalisme en mettant tout en œuvre pour transcender ses ressentiments et en mettant en ordre de bataille politique la grande famille socialiste ivoirienne. Cela favorisera une réelle chance de reconquête du pouvoir dans son camp.
Le jour où il franchira ce cap alors il aura définitivement gagné, au delà de mon respect, mon entière admiration. Ce jour-là, peut-être deviendrai-je un GOR (safroulaye !). J'espère que le congrès unitaire en cours n'accouchera pas d'une souris mais d'une montagne et qu'il sonnera la mobilisation de tous pour une vraie transition démocratique en octobre prochain en Côte d'Ivoire.
En attendant, souffrez que mon regard sur Ouattara puisse changer.
