PPA-CI de Gbagbo: « le ton vient d’être donné »

Ferro Bally, journaliste ivoirien, fait une analyse sur la mise sur les rails du Parti des peuples africains- Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Gbagbo.

a mis sur les rails le Parti des peuples africains- Côte d'Ivoire (), formation qui se veut « une force politique de la gauche socialiste », attachée à la souveraineté de nos États et au panafricanisme.

A son lancement, le parti a adopté, comme ligne politique et idéologique, le socialisme démocratique ou économie socialiste de marché. Et le ton vient d'être donné avec les trois premiers organes rendu publics le lundi 25 octobre 2021: le Conseil stratégique et politique (le cerveau), la présidence exécutive (la tour de contrôle) et le secrétariat général (la cheville ouvrière).

Les premiers responsables de ces organes – , Hubert Oulaye Marc-Arthur et Damana Adia dit Pickass – ne sont pas seulement des anciens réfugiés au pays de l'Osagyefo Kwame Nkrumah, premier président ghanéen. Ce chantre du panafricanisme disait: « Je ne suis pas né en Afrique; c'est l'Afrique qui est née en moi ».

Ils représentent, par leur formation idéologique, la nouvelle ligne politique affichée, qui est un renoncement à celle conduite durant le mandat de Laurent Gbagbo (octobre 2000 – avril 2011).
L'ancien président de la République a accédé au pouvoir avec un programme construit autour de l'économie sociale de marché. Ce programme, conçu entre les deux guerres mondiales en Allemagne, était destiné à contrer la révolution socialiste triomphante en ex-URSS.

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Cette économie sociale de marché interdit l'intervention de l'État dans l'économie et ne peut véritablement prospérer que grâce à un capitalisme national porté à maturité.
Jusqu'aux années 1980, la Côte d'Ivoire, sous la houlette de Félix Houphouët-Boigny, a créé, à l'instar de la Russie et de la Chine, de nombreuses sociétés d'État afin que le pays essaie de rester maître de son destin.

Mais avec la récession économique et les plans d'ajustement structurel, qui l'ont assailli, le pays a subi une privatisation à marche forcée. Tous les secteurs stratégiques (commercialisation des matières premières, eau, finance, électricité, télécommunications, etc.) ont alors été placés sous la coupe des monopoles et des cartels privés.

En janvier 1993 et face à cette souveraineté bradée, le groupe parlementaire du PDCI-RDA, ancien parti unique, tirait la sonnette d'alarme. « La notion de souveraineté nationale et de protection de secteurs stratégiques vitaux pour la nation n'est pas prise en compte dans ce programme de privatisation (conduit par le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara) », s'est-il inquiété avant de jeter un gros pavé dans la mare: « En procédant ainsi, un ou deux groupes financiers contrôleraient entièrement tous les éléments vitaux du pays et pourraient se permettre, demain s'ils le voulaient, de mettre sur place les gouvernements de leur choix ».

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En plein dans le mille. Le FPI, à la tête d'un État fragile et vulnérable, va vivre les ravages de cette privatisation tous azimuts qu'il a accompagnée. Et les secteurs stratégiques ont été de redoutables armes aux mains des puissances extérieures pour financer, entretenir la rébellion armée et organiser les blocus économique (blocus du port autonome d'Abidjan et gel des exportations du cacao), social (embargo sur les médicaments), financier et monétaire (fermeture des banques européennes et de la BCEAO) afin d'étouffer le régime durant la crise post-électorale (décembre 2010 – avril 2011).

Le PPA-CI, tirant les leçons de ces douloureuses expériences, s'est ainsi engagé à redresser la ligne en embrassant l'économie socialiste de marché ou l'économie mixte. Cette politique, qui fait de l'État un acteur économique, décourage notamment les monopoles privés étrangers qui ont pris l'économie nationale en otage, favorise le développement de la bourgeoisie industrielle et protège la souveraineté du pays.

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Car cette souveraineté s'avère impossible dans un pays dominé économiquement et militairement et qui subit le diktat des donneurs étrangers d'ordres et de consignes.

Written by Ferro Bally

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