Rationnement électricité : un cadre du PDCI recadre le ministre de l’énergie, « vous n’avez pas su l’anticiper »

Lettre ouverte Jean-Yves Esso, cadre du PDCI à Thomas Camara, ministre ivoirien de l'énergie sur le rationnement de l'électricité.

Monsieur le ministre,
Depuis quelques semaines, la Côte-d'Ivoire subit des coupures intempestives et très longues d'électricité sans aucune explication, jusqu'à ce que ce jeudi 06 mai 2021, vous nous annonciez lors d'une conférence de presse, que les coupures d'électricité dans les ménages ivoiriens dureront, dès la semaine prochaine, jusqu'à 6h de temps par jour sur une période de trois mois.
Vous nous précisez en outre, qu'il s'agit d'une situation de « rationnement » et non d'un délestage.

Monsieur le ministre,
Avec cette situation qui est plus que critique, vous trouvez le temps de faire de la rhétorique plutôt que de trouver rapidement les voies et moyens de respecter vos engagements, en terme de fourniture d'énergie, si fondamentaux pour les populations et indispensables pour les entreprises !

Monsieur le ministre,
Le délestage, dans le domaine de l'électricité, est le fait de supprimer momentanément et de façon répétée la fourniture de courant électrique dans un secteur du réseau. Point.
Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages…
La demande en électricité de la Côte d'Ivoire n'a pas cessé de croitre et vous n'avez pas su l'anticiper. Vous venez d'arriver dans ce ministère et vous êtes purement et simplement dépassé par les événements.

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Un de vos prédécesseurs à ce ministère, monsieur Adama Tounkara, disait en 2014 et je cite :
« L'équilibre entre l'offre et la demande reste très précaire, et le risque de délestage en cas d'avarie d'une unité de production est quasiment permanent. Ces deux dernières années, la demande a encore augmenté de 25 %. Il est donc urgent d'engager les actions qui nous permettront de doubler notre puissance installée d'ici à 2020 pour la porter à 3 500 MW. »
Cela a-t-il été fait ou était-ce encore des paroles en l'air ?

La Cote d'ivoire entre officiellement en délestage et il faut l'assumer…
Tant pis pour ceux qui n'ont pas de système solaire chez eux ou qui n'ont pas été fichus d'amasser assez d'argent pour se payer un groupe électrogène surtaxé.
Eh oui…quelle idée d'être pauvre !

Monsieur le ministre,
Nous savons que les trente années d'expansion de notre nation sont derrière nous. Nos trente glorieuses de 1960 à 1990 sont un lointain souvenir.
Chacun sait désormais que l'avenir sera difficile pour les honnêtes gens. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Nous n'attendons plus l'apocalypse mais la panne. La panne de travail, la panne de carburant, la panne de nourriture…la panne d'électricité.

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Et pourquoi pas quelquefois, toutes ces pannes à la fois…
Le constat est là. Le château fort qu'on nous a vendu en 2010 nous a révélé des fondations en papier mâché, en carton-pâte. La passion du changement qui semblait agiter une bonne partie des ivoiriens qui en avait marre des dix années de crise sous la présidence de Gbagbo a été emportée…Les convictions se sont évanouies avec les mots.

Où en est-on de l'émergence à l'horizon 2020 qu'on nous rabâchait à longueur de journée dans un climat de confiance qui semblait éternel ?
La fin de cette illusion est à la racine du nouvel état d'esprit que nous voyons apparaître aujourd'hui. Eh oui, aujourd'hui chacun se retrouve chez lui, dans son microhosme privé et personnel avec ses petits bonheurs. Chacun est inquiet mais silencieux. Il attend…Il ne reste guère plus que les porte-voix des médias d'état, toujours en retard d'un refrain pour défendre encore l'indéfendable, pour justifier l'injustifiable.

Il ne tiendra qu'à nous de tenter de prendre pied sur ce nouveau continent mental. Le débarquement demandera bien plus d'une dizaine d'années. Oui… Nous avons tous un sentiment général de n'avoir rien à dire, de ne pouvoir rien dire, de n'avoir rien le droit de dire…et bizarrement ce sentiment semble nous procurer une profonde satisfaction. Il y a comme une vertu du laconisme, une préciosité du silence, une sagesse instinctive dans le refus de s'exprimer.
Rien n'est gagné d'avance mais rien non plus n'est perdu.

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Monsieur le ministre,
Un communiqué de votre propre parti politique, le , disait en 2010, à propos des fréquents délestages subis par la population, que l'incapacité des dirigeants actuels, à pérenniser les résultats acquis depuis la privation de l'EECI en 1990 est la cause principale de ce que nous vivons aujourd'hui. Votre RDR appelait donc le gouvernement d'alors à honorer ses engagements vis-à-vis du secteur afin que celui-ci puisse faire face à ses missions de fourniture, de transport et de commercialisation d'électricité.

L'inauguration, il y a quelques mois du barrage de Soubré ne devait-elle pas faire de la Côte d'Ivoire une « puissance » électrique capable d'exporter de l'énergie électrique à ses voisins ?

Monsieur le ministre,
Afin d'atténuer le préjudice causé aux populations, nous pensons qu'il serait temps d'octroyer aux contribuables, aux personnes physiques et morales, des avantages conséquents pour l'importation de matériels solaires et éoliens, dans les entreprises, maisons et autres établissements.
N'est-il pas temps et grand temps que ces biens profitent maintenant des exonérations et déductions en droits de douanes et de TVA, en même temps que des réductions d'impôt fiscal annuel sans être soumis aux autres taxes à l'importation ?

Les autres matériels accessoires, indispensables à l'installation, comme les câbles, les batteries, les onduleurs etc., devraient pour leur part bénéficier d'un gros pourcentage de réduction de droits de douanes.

Nous devons profiter de cette conjoncture énergétique pour limiter notre dépendance aux énergies fossiles favorisant les émissions de gaz à effet de serre et privilégier le développement des énergies vertes dans le cadre de la lutte mondiale contre les changements climatiques.
Mais cela est une autre histoire et nous ne voulons pas etre trop long…

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Monsieur le ministre,
Vous sachant bien conscient que sans énergie il n'y a pas de développement et qu'ne énergie abondante et régulière, de bonne qualité et bon marché, est nécessaire à la réalisation de nombreux investissements productifs, eux-mêmes favorables à la création de richesse et d'emplois, nous sommes convaincus que vous saurez être suffisamment courageux pour porter nos propositions sur le solaire au sommet de l'état.

Dans l'attente dune réaction rapide de votre part, nous vous prions d'agréer, monsieur le ministre, l'expression de nos salutations distinguées.

Written by Jean-Yves Esso

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