Ahoua Don Mello en recevant son passeport des mains de l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire en Guinée est revenu sur la rencontre Gbagbo – Ouattara.
Monsieur l'ambassadeur,
Aujourd'hui, je suis dans vos locaux pour obtenir ce passeport qui n'est qu'un simple papier. Cela dit, je reviendrai sur le sens profond de ce document. En en même temps, puisque la Côte d'Ivoire est loin, je voudrais saluer, à travers vous, tous les citoyens de notre pays qui, chacun de son côté, a pu œuvrer durement à ce que ce moment arrive parce qu'attaché aux valeurs que le FPI a eu à générer en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire les valeurs de démocratie.
On croit généralement qu'on peut mettre tout ce qu'on veut dans la démocratie. Or la démocratie a été consacrée par l'ONU à travers la déclaration universelle des droits de l'homme en son article 1, à savoir tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit. Donc, liberté, égalité, dignité et droit. Tels sont les quatre vecteurs qui structurent l'espace de la démocratie.
Pour paraphraser les mathématiciens, on dira que c'est un espace vectoriel de dimension quatre (…) J'ai eu la chance, depuis 2000, en tant que directeur du Benetd, de visiter le continent africain. Plus particulièrement depuis 2011, j'ai parcouru plus de la moitié des pays africains. Je connais l'attachement que les Africains ont pour les Ivoiriens pour ce qu'ils ont pu faire pour l'Afrique en général. Et cette période m'a permis de comprendre que l'Afrique est un continent qui nous appartient à tous. Et ma part de l'Afrique est née en mois à partir de cette période. Tout comme ma part de la Guinée est née et grandit en moi. Ce qui fait que je reste aussi citoyen guinéen puisque je suis le conseiller de son président Alpha Condé.
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Ma pierre au développement de la Guinée Cet honneur qu'il m'a fait m'a permis d'apporter ma petite contribution au développement de ce pays. Et le peuple guinéen a été meurtri lorsqu'il a appris
que mon passeport était perdu. Mais ils ont été heureux d'apprendre que ledit passeport a été retrouvé. Et c'est au nom de tout ce monde parmi lequel il y a aussi des amis Français, Italiens, Chinois et Russes qui m'ont appelé pour savoir pourquoi je ne pouvais pas avoir mon passeport. C'est pour dire que le geste que vous venez de poser en me remettant mon passeport est un geste important. Mais
il faut inscrire ce geste dans le contexte actuel.
Le président Laurent Gbagbo a appelé le président Alassane Ouattara. Il s'est par ailleurs déplacé pour aller voir le président Ouattara. Et les petits pas feutrés du président Gbagbo au Palais de la présidence de la Côte d'Ivoire ont un sens profond pour moi. Car c'était un grand pas sur le chemin de la démocratie et un grand pas sur le chemin de la réconciliation. Et ce petit papier va me permettre d'ouvrir les portes de l'exil et de suivre ces pas de géant. Et puisque des ennemis deviennent des amis, cela veut dire qu'ils ont fait le plus dur en terme de réconciliation. Et moi je considère que le plus facile reste à faire. Car qui fait le plus fait le moins, dit l'adage.
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Discours des gestes et discours de la méthode
Et puisque les deux hommes ont placé la barre de la réconciliation si haut, je pense qu'il revient à chaque citoyen de suivre cette voie qui vient d'être tracée. Il est vrai que cela ne résout pas tous les problèmes mais je dirais que le discours des gestes qu'on a vus est un discours de la méthode. Parce qu'il y a plusieurs manières de résoudre un conflit. Il y a des méthodes violentes, des méthodes
brutales mais là, ce discours de la méthode est clair.
A savoir qu'il faut résoudre les conflits par la voie pacifique et le dialogue. Voilà la symbolique de cette rencontre. Cette rencontre a aussi mis sur la table de la démocratie, la libération des prisonniers politiques. Pour ma part, je considère cela comme un appel et mon souhait est qu'il reçoive un écho favorable pour que l'on comprenne que la démocratie est un jeu qui se joue à deux ou à plusieurs. C'est une conquête de l'individu sur lui-même mais aussi de la société sur elle-même.
On ne peut jouer un jeu démocratique, et donc pacifique que sur le terrain des démocrates et des pacifistes. C'est pourquoi je suis convaincu que nous allons éponger le lourd fardeau de la crise pos-télectorale par le discours de la méthode qui a été indiqué.
Et je suis convaincu qu'à travers cet acte, s'ouvre la voie d'une transition pacifique à la démocratie. La démocratie pour sauver la réconciliation On parle tous beaucoup de la réconciliation. Mais ce qui va nous lier, ce sont les valeurs de la démocratie. C'est ce qui nous réconcilie. A savoir si toutes les libertés sont respectées en Côte d'Ivoire, liberté d'aller et de venir, liberté de s'exprimer dans les règles de l'art sans se retrouver en prison, vous aurez fait un grand pas ; si vous êtes égaux en droit et en dignité, vous avez fait un grand pas. Et si tous les enfants de la Côte d'Ivoire vivent dans une très grande fraternité, nous avons fait un grand pas sur le chemin de la démocratie.
Car le déficit que nous avons observé ces derniers temps et qui a fait qu'on n'avait pas tous les mêmes droits, la preuve je n'avais pas de passeport pour aller chez moi, je le retrouve aujourd'hui. Certes, beaucoup ont encore du chemin à faire pour retrouver toute leur liberté mais nous sommes convaincus que par cette méthode, nous pourrons résoudre le contentieux de la crise postélectorale et apporter à chaque ivoirien les valeurs de liberté, d'égalité, de dignité et de fraternité.
Voilà donc les quelques mots que j'ai voulu souligner pour vous témoigner de mon sentiment profond vis-à-vis de cette clé qui m'ouvre les portes de la Côte d'Ivoire.
Je vous remerci
