Dans une interview réalisée par Marc Dossa, Touré Moussa, directeur de communication de Guillaume Soro, se prononce sur la candidature de son mentor en 2025.
Guillaume Soro sera-t-il candidat à la prochaine élection présidentielle à la lumière des condamnations prononcées à son encontre par la justice ivoirienne ?
Les condamnations à perpétuité prononcées contre le président Guillaume Soro ne visent qu'un seul objectif : procéder à son assassinat politique, à défaut d'avoir réussi à l'éliminer physiquement. Mais je vous invite à lire un livre : « On n'est jamais mort en politique. De Mitterrand à Sarkozy ». La scène politique ivoirienne est le champ d'expérimentation de cette théorie. Alassane Ouattara, aujourd'hui chef de l'État ne faisait-il pas l'objet d'un mandat d'arrêt international délivré à son encontre le 29 novembre 1999, pour fraude sur la nationalité et pour avoir fait falsifier les registres d'état civil de la sous-préfecture de Dimbokro ?
Quand Alassane Ouattara déportait Laurent Gbagbo aux Pays-Bas afin qu'il y soit jugé par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité, il pensait sûrement que cela scellait la mort politique définitive de ce dernier. Mais ne voilà-t-il pas que Gbagbo est de retour et sera vraisemblablement candidat à la présidentielle de 2025 contre Ouattara ? Tant qu'un homme politique n'est pas mort et enterré, ne le considérez pas comme mort. Et Guillaume Soro a prouvé qu'il a en lui des ressources insoupçonnées pour rebondir chaque fois qu'on le disait fini.
LIRE AUSSI : Système éducatif ivoirien: Soro tacle le pouvoir RHDP: « on se pose la question sur la valeur des diplômes »
Outre la contrainte liée à la dissolution du mouvement, le challenge est-il tenable pour Guillaume Soro, du fait de son éloignement de ses partisans ?
L'éloignement momentané d'un leader du champ de bataille n'affecte en rien sa capacité à diriger ses troupes. Et en la matière, les exemples surabondent. Alassane Ouattara, pour prendre son cas particulier, a été exilé pendant plusieurs années en France, sans que cela n'affecte sa capacité à diriger son parti politique, le RDR. Nous avons tous en mémoire ce slogan : « le retour du brave-tchê » qui constituait le ferment d'union de ses militants. Plus loin, l'exil à Londres du général Charles de Gaulle n'a pas affecté, bien au contraire, sa capacité à fédérer puis à diriger les forces de résistance françaises face à l'occupation allemande et à conduire la France à la victoire au côté des alliés ; l'emprisonnement de Nelson Mandela pendant 27 ans n'a pas affecté sa capacité à inspirer et à diriger l'ANC et in fine à porter cette organisation au pouvoir suprême. Même en religion, l'exil ne compromet aucunement les capacités propres d'un leader. Le prophète Muhammad (paix sur lui) a été contraint par ses persécuteurs à quitter la Mecque et à aller en exil à Médine. Pour revenir à la Mecque dans la gloire !
LIRE AUSSI: Guillaume Soro sort de son silence : « les Africaines et les Africains devront se faire respecter »
Guillaume Soro est un résistant né et cet éloignement ne fait qu'endurcir son mental et celui de ses militants.
Interview réalisée par MARC DOSSA