Pour Innocent Gnelbin, il est temps que le train de vie de l'Etat en Côte d'Ivoire soit revu à la baisse pour mettre fin à la souffrance de la population.
Koweït, quartier de la commune de Yopougon pour prendre pleine la mesure du train de vie de l'Etat en Côte d'Ivoire. A l'occasion d'une visite, nous avons découvert la manifestation de la grande misère qui couve à petit feu en Côte d'Ivoire. L'un des premiers faits qui saute aux yeux, c'est le nombre de personnes qu'on découvre sur les artères et voies principales et dans les rares petits espaces du quartier.
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Pauvreté, chômage, insécurité et misère
Ces personnes essentiellement des jeunes se tournent les pouces autour d'échanges bien animés sur des matchs de ligue de champion européenne et s'exercent à des jeux de divertissement autrefois l'apanage de personnes à la retraite, exemple du damier. Ce type d'occupations, en plein jour ouvrable, est l'une des vérités du chômage ambiant dans cette commune.
Quand aux jeunes filles, à découvert ou dans des conteneurs, elles exercent la couture, la coiffure ou le commerce de nourriture… En somme, des métiers dans l'informel pour vivre et faire vivre leurs maris et enfants.
Pourtant la plus part de ces jeunes que nous avons approché, nous révèlent leurs niveau d'étude qui dans la majorité des cas est du supérieur.
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Yopougon Koweït et la bataille du « garba quotidien »
A Yopougon Koweït, ce qui compte c'est de gagner la bataille alimentaire, soit avec un garba (attiéké poisson thon) ou un riz-sauce cocotaié (une sauce ‘‘attend moi en bas'' faite d'eau colorée sans poison ou de la viande). Là-bas, personne ne peut exiger un petit déjeuner, à moins d'avoir l'occasion d'acheter un Blissi (Banane braisé). Plusieurs familles pratiquent la mort subite c'est-à-dire un seul repas dans la journée.
A Yopougon Koweït, il ne se passe pas un jour, sans que la porte d'un domicile ne soit forcée avec un pied de biche. L'insécurité y est quotidienne et prend chaque jour du volume.
Yopougon Koweït est la représentation exacte de la décadence silencieuse du niveau de vie des Ivoiriens. Koweït, c'est aussi, Adjamé Abrass, Treichville Arras, Abobo sans manqué, Koumassi 05, etc.
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Partout à Abidjan et dans les communes de l'intérieur du pays, la pauvreté côtoie le chômage, l'insécurité et la misère. La souffrance assourdissante des populations fait face à l'insolent train de vie de l'exécutif et à son inhumaine surdité.
Pendant que dans nos quartiers la misère progresse, notre exécutif se sucre sur le dos des contributions publiques et s'installe année après année dans la tentation de la gabegie.
Le Président de la République a un budget de souveraineté officiel de prêt de quatre-vingt-seize milliard de nos francs en 2018. C'est une pléthore de conseillers rémunérés au soin de l'argent publique. La part du budget consacrée au personnel de la Présidence de la République est de 16 milliards de franc CFA. Seize milliards pour quels types d'emploi et pour quel nombre d'employés ? Ce montant mérite un éclaircissement au contribuable.
Les avantages des ministres en Côte d'Ivoire
Le président a mis en place un gouvernement de 34 membres dont les avantages par Ministre et secrétaire d'Etat sont les suivants :
• Une prime d'installation de prêt de 28 million de F CFA ;
• Les salaires dont, 3.5 millions pour le secrétaire d'Etat, 5.5 pour le Ministre et 6.5 pour le Ministre d'Etat. Plus de 200 millions de nos franc sont versés mensuellement aux Ministres ;
• Leur sécurité et celle de leurs famille est prise en charge,
• Un personnel domestique,
• Des véhicules de fonction et du carburant.
• Leurs femmes ont une prime ;
• Ils ont une prime pour le logement
• Une assurance pour la famille ;
• Un salaire versé les six mois qui suivent leurs sorties du gouvernement ;
• Une pension d'ancien Ministre.
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Aucun compte des budgets ministériels
Sans oublier le budget du Ministère dont dispose le ministre comme bon lui semble. Car jusqu'à ce jour, aucun ministre n'a rendu compte de la gestion faite du budget issue de l'argent public. Il faut d'ailleurs remarquer, qu'aucun audit n'a été diligenté contre un ministère malgré les nombreux scandales financiers révélés.
Nous vous épargnons pour l'instant les avantages et émoluments pour les députés et les différentes institutions de la République. Non content de se tailler une part de lion sur le budget national, notre exécutif continue d'augmenter cette part sans montrer la pertinence de cette augmentation.
Les affaires présidentielles et politiques ont aussi leurs ministères
Le président a créé des ministères dont la pertinence reste à prouver.
• Un Ministre des affaires Présidentielles. Quel sens donner à ce Ministère ? Quel est sa valeur ajoutée ? Les Affaires Présidentielles c'est quoi, quand on sait que la Présidence a tout un ensemble de direction et de services techniques pour gérer ces affaires ;
• Un Ministre chargé des Jeux de la Francophonie. Ministère de trop étant entendu qu'il existe déjà une direction de la Francophonie et un comité d'organisation mise en place. Figurez-vous que contrairement au texte réglementaire, le Gouverneur du district en fonction a été nommé à ce poste. Jusqu'à ce jour, il demeure au poste malgré la fin des jeux ;
• Un Ministre des affaires politiques. En remplacement d'Ahoussou au poste du Dialogue politique. La nouvelle nomination indique d'ores et déjà la nouvelle orientation de ce ministère qui en tous cas sort du cadre du Dialogue politique. Il se consacre désormais à la politique politicienne. Cette approche est-elle utile vue qu'il ya un parti au pouvoir qui joue déjà ce rôle ? Franchement ce portefeuille ainsi libellé est de trop.
En vérité ces Ministères ont été créés, juste pour récompenser des amis et mettre ces alliés sous contrôle.
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Le peuple se serre la ceinture pendant que nos dirigeants…
Le problème est que c'est avec les deniers publics que vous jouez à ce jeu. Est-il sensé de demander au peuple de serrer la ceinture sous prétexte que le pays serait en chantier ? Pendant que vous vous la coulez douce.
Chaque jour vous créez de nouveaux impôts et taxes sur le dos du contribuable, pour vos dérives mégalomanes et autocratiques.
Tellement, vous confondez le portefeuille de l'Etat et le vôtre. Vous poussez le bouchon loin en faisant chanter ouvertement vos ailiers et adversaires politiques à l'aide de l'argent public, par l'appât de postes ministériels et administratifs.
Une classe politique qui n'a d'yeux que pour l'argent et les postes de prestige
Mais en fait ce n'est pas la faute du chef. C'est celle d'une classe politique médiocre qui n'a d'yeux que pour l'argent et les postes de prestige. Une classe politique qui n'a aucune ambition pour son peuple et aucune vision pour le Pays.
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Le mal dans tout cela, c'est qu'ils se foutent de la souffrance qui se vit à Yopougon Koweït et dans les autres communes du pays. Pendant que les populations de Bouaké et de Niakara souffrent d'absence d'eau potable et que cela nécessite une solution durable, c'est un ministre des affaires politiques qui est nommé.
Peuples, nous avons intérêts à nous réveiller de notre longue léthargie, par ce qu'à ce rythme, cette classe politique aura vite fait de tuer tous nos rêves et ceux de nos progénitures.
L'histoire se construit sous nos yeux….
Innocent Gnelbin
Président 2IDé
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