« Tu tournes film » quand la chanson de Kajeem « suscite une polémique qui n’a pas de raison d’être »

Nazaire Kadia donne son point sur le débat entre Koné Katinan vs Touré Mamadou et la nouvelle œuvre musicale de Kajeem.

La semaine écoulée en Eburnie, a été riche en événements. De la sortie de la dernière œuvre discographique de l'artiste , à la démonstration de force du à , en passant par le débat sur une chaîne de télévision le dimanche 2 avril, les ivoiriens ne se sont nullement ennuyés. Ces différents événements comme il fallait s'y attendre, ont donné lieu à des débats, où souvent la mauvaise foi le disputait à l'inculture.

Après quelques temps de silence, l'artiste Kajeem a mis sur le marché, une nouvelle œuvre musicale. Comme à son habitude, l'artiste dénonce entre autres, les tares de la société et les promesses politiques non tenues, dans un style qui lui est particulier.

Le titre phare de cette œuvre musicale « tu tournes film », suscite une polémique qui n'a pas de raison d'être.

Les soutiens objectifs du parti au pouvoir et les cyber activistes de la même obédience, ont lancé une véritable « fatwa » contre l'artiste, qui affirme recevoir des menaces de mort à longueur de journée.

Il lui est reproché de critiquer dans son œuvre, le parti au pouvoir et par-delà le chef de l'Etat qui serait le grand réalisateur « du film ».

Cette attitude des militants de la case ronde vis-à-vis des artistes, commence à devenir un pli désespérant, dès lors qu'une œuvre musicale égratigne le pouvoir actuel, dans sa gestion du pays.

en ont fait l'expérience avec leur titre « président on dit quoi ? ». On se rappelle qu'à un concert de ces deux artistes, un obscur conseiller à la primature, est monté sur le podium pour leur intimer l'ordre de ne pas chanter la chanson qui donnait des poussées d'urticaire aux militants de la case ronde.

Cet obscur conseiller à la primature, a certainement oublié que dans la salle, se trouvaient des personnes ayant acheté le même ticket d'entrée que lui, et qui aiment cette chanson. Qu'importe ?

La proximité avec le pouvoir donne toujours l'impression et l'illusion que tout est permis. Le droit à la différence n'est pas la tasse de thé de tout le monde.

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Mais ces donneurs de leçons ne doivent pas avoir la mémoire courte. Ils ont dansé et chanté aux sons de « bombe tribale » d'Alpha Blondy, « mal élu » et « quitte le pouvoir » de Tiken Jah Facoly à une période de la vie de la nation, sans qu'une « fatwa » ne soit lancée à l'encontre de ces deux artistes, qui manifestement épinglaient les pouvoirs en place.

Alors d'où vient qu'aujourd'hui, ces objecteurs de conscience veuillent réduire au silence un artiste qui épingle la gestion d'un pouvoir, comme l'ont fait ses illustres prédécesseurs ?

Mais qu'ils se le tiennent pour dit, ces individus n'obligeront pas les ivoiriens à aimer ce que ces individus aiment ou détester ce qu'ils détestent !

Autre événement, autre atmosphère. Le 31 mars, le PPA-CI a fait une véritable démonstration de force à Yopougon au cours de sa « fête de la Renaissance ».

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Au-delà de l'aspect festif, on retient que cette fête revêt une charge symbolique à deux volets comme à eu à le dire le ministre :

– Il s'agit d'abord de la renaissance d'un homme politique, Laurent Gbagbo, qu'on a tôt fait d'enterrer et de pronostiquer la fin de sa carrière politique. Après son transfèrement à la Haye, nombreux étaient ceux qui affirmaient avec une certitude déconcertante, que l'homme ne reviendrait plus jamais en Côte d'Ivoire, et que c'en était fini pour lui.

Certains de ses collaborateurs et non des moindres qui en étaient convaincus, l'ont abandonné, à l'image des rats qui quittent le navire lorsque celui-ci chavire.

D'autres encore se sont attelés à « tourner sa page », pour écrire leur propre histoire.

On se souvient de cet homme de Dieu qui aurait affirmé que si Gbagbo revient au pays, c'est que Dieu ne lui pas parlé.

Aujourd'hui, tout ce petit monde est confondu et Laurent Gbagbo a plus que jamais retrouvé sa posture d'homme politique, prêt pour les combats à venir. L'homme renait donc de ces cendres.

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– Le deuxième volet de la symbolique de la Renaissance, concerne le parti de Laurent Gbagbo, le FPI d'alors, aujourd'hui PPA-CI.

On se souvient que le chef de l'Etat actuel, M. , au lendemain de la présidentielle d'octobre 2015, soutenait que : « le Fpi sera vidé de sa substance ».

Après cette déclaration, le Fpi a certes connu des tribulations, mais a tenu bon. Comme le roseau, il a plié mais ne s'est pas rompu, comme l'hydre, il repousse quand on le coupe.

Avec ce qu'il a été donné de voir à Yopougon et au palais de la culture, il s'agit assurément de la renaissance du Fpi devenu désormais PPA-CI. Il sera difficile pour quiconque de soutenir le contraire.

Dans la foulée de ces événements, une chaîne de télévision a proposé à ses téléspectateurs, un débat où entre autres invités, il y avait le ministre Koné Katinan du PPA-CI et le ministre Touré Mamadou du Rhdp.

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Au-delà des divergences sur pratiquement tous les thèmes entre les deux ministres, l'arrogance, les certitudes et la suffisance notées de certains autres invités, on a appris avec étonnement que la justice ivoirienne ne sévissait pas dans un seul camp, selon le ministre Touré Mamadou.

La preuve, c'est qu'Amadé Ourémi, « le tueur de Duékoué » qui a été « tué » selon M. Touré Mamadou, n'était pas du PPA-CI. Certainement, il était du Rhdp ! « Or donc », ce rebelle a été tué, puis est ressuscité pour être jugé et condamné ?

Certes nous sommes dans la semaine sainte pour les Catholiques, où le Christ sera jugé, condamné, crucifié, mort et enterré ; puis ressuscitera trois jours plus tard, mais tout de même…

Merci Monsieur le ministre pour ce lapsus révélateur et pour cette information de taille !

Ainsi continue d'aller le pays.

Mais s'il y a eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin, et l'ivraie sera séparée du vrai.

Written by Nazaire Kadi

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