Venance Konan dénonce l’emprise européenne sur la production de cacao ivoirien

Cacao ivoirien
Cacao ivoirien © Crédit Photo DR

Venance Konan s'insurge contre la dépendance de la Côte d'Ivoire vis-à-vis de l'Europe en matière de production de cacao.

M. Konan salue les efforts du gouvernement ivoirien pour respecter les normes internationales en matière de durable, mais il pointe du doigt le « chantage » exercé par les pays européens, qui menacent de ne plus acheter le cacao ivoirien s'il n'est pas produit selon leurs exigences.

Il critique l'emprise des Européens sur l'ensemble de la chaîne de valeur du cacao, depuis la fixation des prix jusqu'à la commercialisation. Il s'interroge : « C'est leur cacao ? ». Et il dénonce le fait que les Ivoiriens ne soient que des « employés » sur leurs propres plantations.

Ci-dessous son analyse :

Leur cacao

Lu dans le quotidien « L'Inter » du mardi 09 au mercredi 10 avril 2024 : « La Côte d'Ivoire est bonne élève. Les efforts et engagements pris par le gouvernement face à ses partenaires internationaux relativement à la production d'un cacao ivoirien durable, soucieux de l'environnement, sont reconnus. En visite de travail de 48 heures les samedi 6 et dimanche 7 avril 2024, le commissaire européen à l'environnement, aux océans et à la pêche, Virginijus Sinkevicius, a salué le progrès du pays.

De l'avis du commissaire européen, la Côte d'Ivoire a enregistré des avancées notables en matière de respect des normes imposées aux pays producteurs de cacao dans le cadre de la lutte contre la déforestation.

Pour lui, les obligations faites aux pays producteurs telles la géolocalisation des planteurs pour s'assurer de la non-occupation de forêt classée, la lutte contre le travail des enfants, le programme de reboisement, l'utilisation de matériaux naturels et organiques se trouvant dans les plantations ainsi que la réutilisation de coques à la place du charbon de bois sont pour la plupart respectées en Côte d'Ivoire…Le commissaire européen a exhorté le pays à poursuivre dans cette dynamique afin que son cacao puisse continuer à entrer et être commercialisé sur le marché européen. »

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Bon, pour résumer tout cela, le grand chef Blanc est venu nous dire que si nous voulons qu'il continue à acheter notre cacao, nous devons continuer à respecter certaines normes qu'il a fixées, à savoir ne plus faire nos plantations dans des forêts classées, ne plus détruire de forêt pour faire ces plantations, ne pas faire travailler les enfants, reboiser les forêts détruites, ne plus utiliser de pesticides et ne plus faire de charbon de bois. En fin de compte, c'est le cacao de qui ? C'est leur cacao. Et nous sommes les employés de leurs plantations. Ce sont eux qui nous ont fait découvrir le cacao, ce sont eux qui nous ont montré comment le planter, ce sont eux qui fixent le prix de vente, ce sont eux qui nous l'achètent, et ce sont eux qui le consomment.

Donc, ce sont eux qui nous disent maintenant comment le cultiver. Chaque jour ils nous fixent une nouvelle norme. Et nous font le chantage du « si vous ne respectez pas ma norme, je n'achèterai plus votre cacao. » Et nous nous exécutons. Donc le grand chef Blanc est venu inspecter ses plantations, pour voir si ses employés obéissent à ses ordres et si son cacao est cultivé selon ses désirs, pour que le chocolat soit à son goût. Il a un palais très sensible, le grand chef. Oui, nous avons obéi et le grand chef est parti content. Nous aussi nous sommes contents, puisque le grand chef est content.

Bon. Est-ce que nous sommes vraiment obligés de cultiver du cacao ? Nous n'en mangeons pas. Et il n'enrichit pas beaucoup nos milliers de paysans qui le cultivent. Certes, il nous rapporte des devises avec lesquelles nous construisons notre pays, mais sommes-nous vraiment obligés de céder à ce chantage humiliant à la fin ? L'Europe est-elle la seule cliente de notre cacao ? Ne pouvons-nous pas consacrer nos forêts et nos terres arables à cultiver des produits que nous consommons aussi et que nous pouvons exporter vers d'autres pays pour avoir ces fameuses devises ? Les Européens sont-ils les seuls à pouvoir nous en procurer ? La Côte d'Ivoire n'est-elle pas capable de nourrir une bonne partie de l'Afrique ou même du monde si nous consacrions nos meilleures terres à produire du vivrier ?

C'est bien de nous demander de respecter l'environnement. Mais que dire à l'Europe lorsqu'elle vient piller nos mers, empêchant nos pêcheurs locaux de vivre décemment ? Pouvons-nous, nous aussi, aller vérifier que les produits alimentaires que l'Europe nous vend ne sont pas cultivés avec des pesticides, et qu'ils respecteront des normes que nous fixerons ? Pouvons-nous aller vérifier que les animaux dont on nous vend la viande ici ne sont pas élevés avec des produits chimiques néfastes pour la santé ?

Il serait peut-être temps que nous réfléchissions à la manière d'échapper aux diktats des autres en produisant d'abord pour nous-mêmes.

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Written by Mohammed Ouattara

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