Affaire Marie-Paule Adjé – Observateur Ébène : un cadre du PPA-CI dénonce une justice à deux vitesses en Côte d’Ivoire, célérité pour certains, lenteur pour d’autres

Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville
Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville © Crédit Photo Service Communication PPA-CI

Steve Beko, cadre du PPA-CI, dénonce une justice à deux vitesses en Côte d'Ivoire suite à l'affaire Marie-Paule Adjé – Observateur Ébène.

Suite à une plainte de Madame Marie-Paule Adjé, l'humoriste(?) Kouakou Amani Florent dit Observateur Ébène a été convoqué, puis présenté à un juge pour lui lire les chefs d'inculpation avant d'être écroué à la Maca puis jugé dans la même semaine. Il a, en définitif été condamné à six (6) mois fermes et six (6) mois avec sursis. Il est également condamné à payer 5 millions de Francs CFA à l'État de Côte d'Ivoire et à verser un franc symbolique à sa victime, Marie-Paule Adje.

Je ne suis pas de ceux qui vont condamner l'actrice pour sa plainte. Elle a le droit de saisir la justice pour être rétablie dans son honneur et sa dignité surtout que Observateur affirmait comme il l'a fait dans le cas de l'artiste Didi B gagner beaucoup d'argent grâce à ce type de vidéos.

Ce qui est frappant par contre dans l'histoire, c'est qu'en moins d'une semaine, on a su ce qui lui était reproché, il a été jugé et condamné et l'affaire est close.

Cependant, l'impression que l'on a dans notre pays, c'est que la célérité de la justice dépend de qui est l'accusateur et qui est accusé.

Djapka Zohoré Francis alias Stive Beco, un autre activiste des réseaux sociaux a été arrêté en Mauritanie et extradé à Abidjan le vendredi 17 novembre 2023. Jusqu'à ce jour, on ne sait toujours pas les faits qui lui sont reprochés et il n'est pas encore jugé. Selon Said Penda, un griot du pouvoir qui s'est fait le porte-parole de la justice dans cette affaire, « Depuis sa base en Mauritanie, cet activiste faisait preuve d'un zèle sans pareil dans des propos séditieux et injurieux vis-à-vis des autorités et de plusieurs personnalités publiques ivoiriennes ».

Ce fut aussi le cas pour Yapo Ebiba Fiacre alias Serges Koffi le Drone. Interpellé, il a été placé sous mandat de dépôt et écroué à la MACA. On sait qu'il était poursuivi pour « troubles à l'ordre public, incitation à la haine, appel à la rébellion et à la destruction de biens publics, diffamation et injures sur internet ». Il n'a jamais été jugé. Après plusieurs mois à la MACA, il sera finalement libéré le 6 août 2021 et placé sous contrôle judiciaire.

Et je pourrai multiplier ces exemples à profusion avec plusieurs cadres de l'opposition ivoirienne qui ont été arrêtés, emprisonnés et n'ont jamais eu l'occasion de se défendre durant un procès avant d'être libérés des mois ou des années après pour être placés sous contrôle judiciaire.

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Nous sommes aussi curieux, au nom de la justice, de ce qu'il est des occupants du « Gbaka vert ». Un policier qui était de service ce 13 août dans le quartier de Yopougon, a déclaré à Amnesty International : « On nous a envoyés dans un secteur du quartier de Yopougon où nous avons trouvé des barricades et quelques jeunes gens qui scandaient des slogans contre le troisième mandat. Ils n'étaient pas armés. Nous ne sommes pas intervenus parce qu'il n'y avait pas assez de policiers. Alors que nous tentions de dégager les routes, deux gbakas, un vert et un jaune, remplis de jeunes hommes, et une moto sont arrivés. Des dizaines d'hommes, dont certains étaient armés de machettes et de gros bâtons, sont sortis des véhicules. Ils étaient plus nombreux que les manifestants. Les deux hommes sur la moto se sont approchés de notre chef et ensuite le groupe d'hommes est entré dans le quartier et a commencé à chasser les manifestants. »

Samira Daoud, directrice pour l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International déclarera dans le même rapport : « Le fait que la police collabore apparemment, pour la gestion des manifestations, avec des groupes d'hommes armés qui n'ont pas reçu de formation et qui n'ont pas à rendre de comptes, est extrêmement préoccupant. Cela représente une résurgence alarmante du recours à des agents non officiels du « maintien de l'ordre » en Côte d'Ivoire, et nous avons par le passé documenté de nombreux cas d'atteintes aux droits humains commises par des hommes armés en civil »

En dépit de cette enquête documentée de Amnesty International, nous n'avons à ce jour pas de nouvelle des fameux occupants du « Gbaka Vert ».

Quid de l'affaire N'Guessan Koffi Toussaint, ce jeune décapité le 9 novembre 2020 à Daoukro lors de la crise post-électorale ? Plus de cinq mois après, soit le 30 avril 2021, le procureur de la République a affirmé que tous les participants à ce jeu macabre sont tous derniers les barreaux. « Nous avons retrouvé ces personnes. Elles ont été appréhendées et placées sous mandat de dépôt. Tous ceux qui ont participé à la décapitation de ce jeune sont en détention ». Qui sont ces personnes ? Ont-elles été jugés ? Quelles sont leurs peines respectives. Nous n'en saurons jamais rien. Et cela est inquiétant.

Dans un état de droit, la justice doit rassurer les citoyens. Il ne peut pas y avoir une justice pour ceux qui sont au pouvoir et une justice pour ceux qui sont à l'opposition ! Il ne peut pas y avoir une justice pour ceux qui ont les bras longs et une autre pour ceux qui ont les bras courts. La justice doit être à équidistance de toutes les chapelles politiques et doit se rendre sans tenir compte du rang social ou des relations des concernés.

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Written by Steve Beko

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