Le journaliste Fernand Dédeh analyse ici l'actualité politique ivoirienne et notamment le procès Blé Goudé, soutenu par avocats d' Henri Konan Bédié.
Le procès ? Reporté de nouveau. Quand un juge accepte le report d'un procès à la demande des avocats, il y a deux cas: soit lui-même n'est pas prêt, le dossier n'est pas clair dans sa tête, soit, il respecte trop la Justice et les droits du justiciable. Même moi, le profane, si tu me portes la toge du juge par défaut, il me sera plus facile de condamner Blé Goudé que Jacques Mangoua… Donc… Tu n'as pas compris? Ou bien tu ne vois pas? Mais tu es I-voi-rien…
J'ai rarement vu un homme politique ivoirien se livrer de la sorte. Nos confrères de Jeune Afrique Economie ( à ne pas confondre avec JA) ont peut-être poussé le président Henri Konan Bédié à écrire son testament par anticipation… Sauf qu'il n'a pas dit à qui il lègue son héritage politique et ses plantations de Prepressou…
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Le reste, tout y est: Sa vie, sa formation ( formation en Droit et en Economie, major de sa promotion à l'Université de Poitiers), sa rencontre avec la biche royale ( au lycée, la petite-sœur de son amie, captivée par la photo de la jeune fille, il a bondi sur la proie), sa première rencontre avec Houphouet-Boigny en 1949 à Dimbokro, sa deuxième rencontre avec le père fondateur en 1958 ( il l'a envoyé se former en France puis l'a intégré à l'administration), son passage au ministère de l'Economie et des Finances ( qui reste pour lui un des grands moments de sa vie, il a installé les bases de l'Economie et de ce que les Ivoiriens ont appelé la période des vaches grasses). Au passage, il a rigolé de la légende « des milliards fêtés » ( ce sont ses détracteurs qui ont monté cette histoire, selon lui… »
Au plan politique, l'homme regrette toujours le coup de l'Etat de 1999 qui l'a chassé du pouvoir mais il dit qu'il n'est ni « haineux, ni revanchard. ». Il a pardonné au Général Guei Robert, « porté à la tête du coup par des hommes politiques (je les connais, mais je ne les nomme pas ».
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En 1993, à la mort, d'Houphouet-Boigny (il a appris la mort du vieux à Abidjan, informé par ses propres réseaux), il avait souhaité garder Alassane Ouattara à son poste de premier ministre, poste qu'il occupait déjà. « Il a dit qu'il a une proposition du FMI… ». Il se vante d'être le seul chef d'Etat ivoirien, en dehors du premier président qui a gouverné sans jamais verser le sang…
Ses rapports avec ton camarade sont vraiment détériorés. Pas distendus. Il révèle que ton camarade n'a pas assisté aux funérailles du vieux mais plus encore, qu'ils ont passé un accord verbal pour l'alternance au pouvoir en 2020. Ils étaient trois à Daoukro à l'occasion de la signature de l'accord de Daoukro en septembre 2014: ADO, Bédié, Soro. Soro Guillaume est donc le fameux témoin…
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Le PDCI-RDA a fait sa part, soutenir le président pour son deuxième mandat en 2015. En 2020, autour du du RDR de soutenir le PDCI. Cette promesse n'a pas été tenue et cela a mis le feu aux relations entre le grand frère et le petit frère. « Plus question de retourner au RHDP. « C'est un non catégorique. ». Le PDCI dit-il, est l'héritage de Houphouët-Boigny. Et les vrais héritiers de Houphouët-Boigny sont au PDCI…
Tiens, il est de ceux qui ont rencontré Laurent Gbagbo à Bruxelles. « Je pensais le trouver amaigri. Il est en pleine forme. J'ai retrouvé le battant politique de toujours. » 2020, Bédié candidat? Tout dépendra de si parti. Mais il se définit comme un démocrate et surtout un homme de devoir et de mission.
