Covid-19 : Irié Lou Irié Colette lance un SOS à Ouattara, « nous attendons avec impatience le soutien de l’Etat »

Irié Lou Irié Colette, présidente de la FENASCOVICI, lance un appel au Gouvernement de Ouattara dans la lutte contre le Coronavirus en Côte d'Ivoire.

En cette période marquée par la pandémie du , comment se porte le secteur du vivrier en Côte d'Ivoire ? 

En ma qualité de présidente des Fédérations Nationales des Sociétés Coopératives du Vivrier de Côte d'Ivoire (FENASCOVICI), je peux vous assurer que le secteur du vivrier se porte bien. Malgré la crise, les femmes  sont sur les marchés, d'autres sont dans les régions afin de convoyer les produits viviers vers . A preuve, malgré le , les marchés sont approvisionnés en denrées alimentaires. Il n'y a pas meilleur témoignage de la bonne santé de ce secteur.   

Nous imaginons qu'avec cette situation, vous avez pris des dispositions particulières pour que les marchés continuent d'être ravitaillés. Quelles sont ces mesures ? 

Les premières dispositions que nous avons adoptées sont celles qui ont été édictées par les autorités. Parmi elles, la distanciation sociale et toutes les autres mesures barrières. Cela peut se vérifier dans les marchés du vivrier. Sur un espace dédié à trois vendeuses par le passé, on n'y retrouve plus qu'une seule vendeuse. Les femmes ont été sensibilisées et elles ont pris conscience de la nécessité d'appliquer scrupuleusement les mesures barrières. Au risque de contracter la maladie et contaminer toutes leurs familles. Nous avons aussi disposé des seaux pour le lavage des mains à chaque entrée de nos marchés. Il convient de reconnaître que nous n'en avons pas encore suffisamment. Mais les femmes veillent à ce que, les personnes qui y entrent et en ressortent puissent se laver les mains. En plus de cela, les femmes du vivrier avaient commencé à entretenir leurs marchés et l'Etat a décidé de leur prêter main forte. Ceci pour dire que nous sommes en phase avec les autorités. 

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En ce qui concerne l'approvisionnement, vos habitudes ont certainement été bouleversées. Comment vous organisez-vous ?  

Nos habitudes sont bouleversées parce que, ce ne sont pas tous les camions qui acceptent de charger les denrées alimentaires. A deux reprises, j'ai dû aller intervenir au corridor d'Anyama. A cause du fait qu'on reprochait aux camions qui transportaient les produits d'être en surcharge. Nous avons tous salué les mesures concernant les ponts bascules, parce qu'elles permettraient d'entretenir nos routes. Mais pour ces surcharges, les pénalités oscillent entre 200 et 250.000 FCFA. Pour cette raison, je me suis moi-même déplacée à deux reprises. Quand nous nous rendons dans les plantations, nous n'avons pas de bascule. Dans le cas d'espèce qui est celui d'un chargement de banane plantain, il y a aussi la tige qui alourdit le produit. Nous subissons beaucoup de tracas sur les routes. A maintes reprises, on nous a fixé des amendes que nous n'étions pas en mesure de payer.  Nos camions ont été bloqués pendant des heures, une fois même pendant 8 heures. Je souhaite que les autorités fassent une dérogation spéciale pour le secteur du vivrier afin que nous soyons astreints à payer un forfait pour chaque camion qui entre.  Parce que les pénalités pour surcharge nous reviennent trop chères. Nous chargeons très souvent des camions de 10 roues de 25 t et aussi des camions de 15 t. 

Cette situation existait-elle avant cette crise ? 

Oui, nous rencontrions déjà ce problème avant cette pandémie. Je voudrais aussi saisir l'opportunité pour saluer l'ouverture d'esprit de nos autorités qui ont toujours été réceptives à nos doléances.  Nous avons souhaité les rencontrer afin de leur faire part de nos difficultés, mais l'occasion ne nous a pas encore été offerte. Nous gardons cependant, bon espoir. Ils sont ouverts à la discussion.

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Quel est l'impact de cette pandémie sur votre activité ? 

Cette pandémie a un véritable impact sur le secteur du vivrier. Aujourd'hui avec les mesures barrières, nous sommes obligés de faire des rotations dans les marchés. C'est-à-dire que si par le passé nous avions 300 personnes installées dans les marchés, nous nous organisons afin de n'accueillir que 100 personnes par jour. C'est un véritable manque à gagner pour les vendeuses, sans oublier aussi que les marchés ne connaissent plus leur fréquentation des grands jours parce qu'une bonne partie de la population à peur de s'y rendre.  Les activités tournent au ralenti. Ces braves femmes qui avaient un gain journaliser, se retrouvent à un gain tous les trois jours, sans oublier que l'affluence n'est plus au rendez-vous.  Nous en appelons au soutien du ministre du Commerce en faveur de ces courageuses femmes qui restent, malgré tout, motivées à continuer leur activité. 

Les autorités viennent de lancer un plan national de riposte contre la pandémie d'un montant total de 1700 milliards FCFA, avec divers fonds. Le secteur du vivrier a-t-il été pris en compte ? 

Vu l'importance du secteur du vivrier en Côte d'Ivoire, il était normal que nous soyons pris en compte. En ce qui concerne l'agriculture, c'est 300 milliards FCFA qui ont été affectés dont 50 milliards FCFA pour le vivrier. C'est une obligation que nous soyons pris en compte pour que les continuent de manger après cette pandémie.  

Dans la mise en place de ce fonds, les critères ont-ils été définis ? Quand est prévue la remise des chèques aux bénéficiaires ? 

Nous sommes à cheval sur deux ministères, à savoir celui de l'Agriculture et du Commerce.  En ce qui concerne celui de l'Agriculture, ils sont à pied d'œuvre pour que ces fonds soient dégagés pour la production. Pour le Ministère du Commerce, nous sommes à ce niveau, en contact avec l'OCPV. Tous les documents exigés pour la prise en compte de chaque société coopérative au niveau de ce département ministériel, sont en train d'être déposés progressivement. Des deux côtés la mise à disposition des fonds est en bonne voie. Nous attendons avec impatience le soutien de l'Etat.

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Avec la mise en quarantaine, d'Abidjan, arrivez-vous à disposer des laisser-passer ? 

Les autorités sont conscientes du rôle que nous jouons. Elles ont tout mis en œuvre pour que la population mange. C'est le sens des 50 milliards FCFA alloués à notre secteur. Les autorités ne veulent pas voir leur population affamée. Raison pour laquelle, il a été dit que le secteur du vivrier n'était pas concerné par cette mesure. À tout moment, les camions de vivriers peuvent avoir accès à la zone du Grand Abidjan concernée par cette mise en quarantaine. Même en ce qui concerne le couvre-feu, le ministère de la Sécurité a mis des agents à notre disposition. Le process mis en place marche bien. A cet effet, dès qu'un camion de vivriers s'apprête à prendre la route, on me fait parvenir toutes les informations nécessaires depuis la plaque d'immatriculation du véhicule, jusqu'au nom du responsable de la marchandise, que je transmets aux autorités compétentes. Nous suivons les mêmes démarches quand il est question de nous rendre à l'intérieur du pays pour aller chercher les vivres. Dès que vous avez l'ordre de mission, les agents des forces de l'ordre et de sécurité déployés sur le terrain vous laissent passer même pendant les heures de couvre-feu. Il existe néanmoins certaines personnes qui ne se réfèrent pas à nous. Ce sont elles qui ont quelquefois des ennuis mais dès que nous sommes saisis, nous intervenons. Nous saisissons cette opportunité pour appeler tous ceux qui interviennent dans le secteur à s'organiser et à nous approcher. L'une de nos missions est de défendre leurs intérêts. 

Combien d'opérateurs regroupe le FENASCOVICI, quels sont les chiffres du secteur du vivrier ? 

Nous sommes à ce jour, 36.000 membres pour 2.000 coopératives dans les 33 régions de la Côte d'Ivoire. En plus de cela, il y a aussi des unions non affiliées à la FENASCOVICI qui ont aussi leurs membres. 

Qu'est-ce que cela représente en termes de chiffres d'affaires ? 

Je ne saurais vous répondre. C'est aux experts de vous dire ce que pèse le secteur du vivrier dans l'économie ivoirienne. En ce qui nous concerne, nous sommes à la tâche, arpentant les routes de toutes les régions de la Côte d'Ivoire pour apporter de la nourriture à la population. Notre rôle est de combler ce besoin vital. Depuis qu'on parle de confinement, il y a des personnes qui sont enfermées chez eux. Nous, ne pouvons pas nous permettre ce luxe. Les enjeux sont trop grands. A l'instar de ces braves femmes du vivrier, je suis sur pied dès 4 heures du matin. Et la reconnaissance que nous manifeste la population est, à mes yeux, plus que tout l'or du monde. Ce travail, nous l'appréhendons comme un sacerdoce. L'argent n'est pas notre motivation première. Nous allons chercher la nourriture, nous la vendons, réalisons nos petites marges et nous repartons à nouveau. Les populations comptent sur nous et nous soutiennent. Et cela nous suffit largement. 

En 2010 pendant la crise, on vous a vu au four et au moulin, aller jusqu'à l'intérieur du pays, chercher des véhicules de vivres et revenir sur Abidjan. Est-ce la même stratégie ?  Ont-ils les mêmes difficultés à l'intérieur ?

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Nous avions notre stratégie de travail mis en place bien avant la crise. Nous avons dû faire preuve de témérité et d'ingéniosité pour continuer à nourrir les Ivoiriens même au plus fort de la crise. C'est la même stratégie que nous avons reconduite. Et avec l'aide de 50 milliards FCFA que nous attendons, je peux vous promettre qu'une fois que ce montant sera mis à notre disposition, nous pourrons travailler plus aisément. Je peux vous assurer que si nous entrons en possession de cet appui de l'Etat, sur tous les marchés de Côte d'Ivoire, vous verrez que le coût des denrées alimentaires va baisser sur tous les marchés de la Côte d'Ivoire. Actuellement, le kilo de tomates est à 1.000 FCFA. Si nous bénéficions de cette manne financière, nous pourrons faire baisser les prix jusqu'à 300 FCFA. 

Avez-vous d'autres difficultés que vous n'avez pas encore énumérées et quel appel pouvez-vous lancer à nos autorités ? 

C'est une difficulté qui perdure et je ne cesse d'en parler depuis plusieurs années. Je ne cesse de dire qu'il faut un parc auto pour le transport du vivriers. La pandémie du Coronavirus est bien présente, mais il est bon de savoir qu'il y a la campagne des produits de rente qui va bientôt commencer. Et quand cette campagne débute, le vivrier n'a plus droit au chapitre. Le même camion que vous louez à 200.000 FCFA, du jour au lendemain pour le même trajet et le même produit à transporter, le transporteur peut faire monter les enchères jusqu'à 250.000 FCFA. Simplement parce qu'il n'a pas envie d'y aller. Ceux qui sont beaucoup plus nantis louent quelquefois ces camions sur 1 à 3 mois. Et quand c'est ainsi, le camion ne peut plus faire aucune autre mission. C'est mon cri de cœur. Il nous faut pour commencer, au moins, 4 camions qu'on pourrait nous permettre d'acquérir avec des facilités de paiement. On peut, par exemple, immobiliser tout l'argent que nous utilisons pour la location des véhicules, pour en faire des traites mensuelles. Ce vœu est à l'endroit du ministre du Transport afin qu'il puisse nous aider à transformer ce rêve en réalité. En attendant ces instants, nous continuons de travailler bien que ce soit difficile. Nous n'attendons pas lâcher prise parce que nous voulons continuer à mériter la confiance des Ivoiriens. 

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Vous n'avez donc aucun véhicule ? 

Nous n'avons, malheureusement, que le seul camion que MTN a bien voulu nous offrir, il y a quelques années maintenant. Nous ne demandons pas que les autres fassent un don comme MTN, s'ils peuvent nous aider à acquérir ces camions pour lesquels nous verserons des traites afin que ces véhicules nous reviennent, nous leur saurons gré. Nous chargeons en moyenne 50 camions par semaine. Il nous est arrivé à certains moments d'en faire 50 par jour. Si la location vous revient à 400.000 FCFA, vous imaginez un peu les sommes importantes qui sont déboursées et qui nous auraient permis d'acquérir nos propres véhicules. Que les autorités ainsi que les entreprises et des personnes de bonne volonté pensent à nous afin de nous aider à mieux servir la population.

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Written by Hervé Koutouan

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