Les grandes (in)justices sous l’ère Ouattara (acte 2) : Sanogo, la victime qui se retrouve en prison

Sanogo croupit à la Maca pour avoir refusé de verser un pot-de-vin à un « bon petit » qui fait office de rat du palais de justice d'Abidjan. La justice ivoirienne ou les grandes injustices sous l'ère Ouattara, acte II.

De plus en plus de personnes sont interpellées puis déférées à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan () sans jugement. La raison peut être liée à un refus d'entrer dans le « contexte ». C'est le cas de M. Sanogo, un opérateur économique qui a été mis en accusation le 17 juillet 2017 avant d' être arrêté le 18 juillet 2017 et envoyé aussitôt  à la Maca. Une affaire surréaliste qui a transformé une victime en bourreau.

Un premier prêt de 700.000 FCFA

Réputé pour sa générosité et son soutien aux jeunes de sa commune à , M. Sanogo a décidé de venir en aide à Tapsoba Brama pour booster ses affaires dans la vente d'automobile. Ce dernier a donc obtenu un prêt de 700.000 FCFA de la part de l'opérateur économique pour le dédouanement d'un véhicule de marque AUDI. Lorsque le véhicule sort des services de la douane à Abidjan, il est proposé à M. Sanogo de le racheter à 1.000.000 F CFA. Il refuse parce qu'il n'y trouve pas d'intérêt. Il demande à M. Tapsoba de vendre le véhicule pour pouvoir honorer sa dette. La voiture est finalement vendue et le prêt remboursé.

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Un deuxième prêt de 2 millions de F CFA

Un mois plus tard, un autre jeune, Sidibé Moussa sollicite M. Sanogo par le canal de Tapsoba Brama pour un prêt financier de 2.470.000 F CFA pour lui permettre de dédouaner cette fois, trois véhicules. Vu le coût élevé du prêt, M. Sanogo décide de prendre ses précautions. Il demande à ce que les véhicules portent son nom. Pour rentrer dans ses fonds, l'opérateur économique s'est mis à vendre les véhicules dédouanés. A peine le premier véhicule vendu qu'il reçoit une plainte émanant du commissariat de Sans-fil, pour une affaire qui se déroule à…Treichville.

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Plainte au commissariat de Marcory Sans-fil

Sanogo répond à la convocation. Le lieutenant de police qui le reçoit, lui signifie que Sidibé Moussa porte plainte contre lui pour la vente de sept véhicules, sans avoir perçu sa part. M. Sanogo preuve à l'appui reconnait avoir financé le dédouanement de trois véhicules. Il devrait être relâché mais les policiers en décident autrement.

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Ils ignorent le motif de la plainte et l'interrogent sur le contenu des trois véhicules. M. Sanogo cite en témoin Sidibé Bouba petit frère de Sidibé Moussa présent lors des sorties des véhicules pour confirmer sa déclaration sur le contenu des véhicules. Seulement voilà, le témoin ne répond jamais à l'invitation du commissariat. Mais coup de théâtre, alors que les policiers continuent l'enquête, M. Sanogo est déféré devant le parquet du Plateau. Avec cette fois-ci un nouveau chef d'accusation : détournement de marchandise,s d'une valeur de 26 millions FCFA. Quelles marchandises ? Le commissariat n'en sait rien, mais Sanogo est déféré quand même. Le même jour, il est conduit à la Maca, sur ordre d'un procureur.

Décès du plaignant en Suisse

Malheureusement, le plaignant Sidibé Moussa décède en Suisse. Une situation que va utiliser Sidibé Oumar. Ce dernier est bien connu dans l'enceinte du palais du Plateau. il n'est ni greffier, ni magistrat, ni avocat, ni « rien », mais il a ses entrées dans de nombreux bureaux de procureurs. Il est considéré comme « le bon petit » de certains magistrats dont nous taisons volontairement les noms.

C'est ici aussi qu'on commence à comprendre le fin mot de l'histoire. En fait, c'est un réseau qui consiste à trouver des pigeons, à leur proposer des services, contre libération, peu importe si l'affaire dont la victime est accusée, tient debout ou non.

Ainsi, Sidibé Oumar rentre en contact avec Sidibé Afsatou, la sœur du défunt  pour poursuivre l'affaire. D'un commun accord et sans aucune procuration du défunt, les deux acolytes vont exiger la somme de 11 millions FCFA à M. Sanogo pour que la plainte soit retirée. L'accusé refuse d'entrer dans la magouille.

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L'entrée en scène du « Bon Petit des procureurs »

Sidibé Oumar insiste et face au refus persistant du détenu, revoit le montant. Il va finalement demander 5 millions FCFA. Refus une fois de plus de Sanogo qui ne comprend toujours pas de quoi il est accusé, réclamant justice.

depuis lors, c'est le statu quo. Le dossier géré par le 5e cabinet ne connaît pas d'évolution. Sanogo est donc en prison depuis dix mois, sans jugement. Même les PV d'audition du commissariat, les preuves de reconnaissance de dettes signées par le plaignant ont disparu.

Les « rats du palais » utilisés par des hommes du palais, pilulent dans nos temples de Thémis. Au service de magistrats marrons, ils font subir de pires injustices à des hommes comme Sanogo, contraints de rester en prison sans jugement jusqu'à ce que, par pitié plutôt que par souci de justice, quelqu'un daigne les libérer.

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Written by YECLO.com

Photo d'archives La Croix

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