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Assassinat d’un pro-Soro à Korhogo : Kanigui Soro fait des révélations et accuse

Kanigui Mamadou Soro député de Sirasso explique ici les conditions de l’assassinat de Kognon Soro et des détails sur les auteurs de ce meurtre.

A travers cet entretien, l’honorable Kanigui Mamadou Soro député de Sirasso explique les conditions dans lesquelles l’assemblée générale du Rassemblement des amis de la Côte d’Ivoire (Raci) s’était préparé jusqu’à aboutir à l’assassinat de Kognon Soro. Il donne plus de détail sur les auteurs de cet acte tout en invitant la jeunesse du Raci au calme et au pardon.

Ce qui se passe dans notre région Korhogo et ici à Abidjan

Notre organisation, le Rassemblement des amis de la Côte d’Ivoire (Raci) a pour objectif la promotion de la paix. Aucune action ne doit nous détourner de cette ambition. Il est bon que chaque événement qui se produise en Côte d’ivoire la vérité puisse éclater. Avant de me rendre à Korhogo il est bon que l’opinion nationale et internationale soit informée de ce qui se passe dans notre région Korhogo et ici à Abidjan. Je suis devant vous pour vous donner ma part de vérité.

De quoi s’agit-il ? Depuis sa création en 2013, chaque année le Raci organise un conclave en aout ou en décembre. Avant notre départ pour l’Europe nous avons donné des instructions dans le sens des préparatifs de ce conclave il y’a un mois de cela aux structures de notre mouvement afin qu’elle mobilise les les coordinations de nos bases. Il y’a dix jours de cela nous avons été informé de la tenue d’une réunion présidée par mon grand frère et ami Amadou Coulibaly dit ham’s avec le bureau de la jeunesse communale du Rassemblement des républicains (RDR) de Korhogo.

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Barrer la route au Raci à Korhogo

Au cour de cette réunion il leur a reproché le manque d’actions pour barrer la route au Raci à Korhogo. Il leur a même demandé de faire en sorte que le Raci n’arrive plus à mener des actions à Korhogo. Je n’en aurais pas fait cas si les événements ne s’étaient pas produits hier (le 7 juillet 2018 NDLR). Ayant reçus cette information, les jeunes ont pris peur et m’en ont informé de ce que Ham’s avait dit. Honnêtement je n’ai pris l’information au sérieux.

Le 4 juillet 2018 à mon réveil j’aperçois un message de mon portable d’un jeune leader de Korhogo qui dit ceci : « président, apparemment les politiques ont peur de vous maintenant. Je viens de recevoir un appel de Ham’s qui me menace. Il me fait savoir que je suis un grand mobilisateur de la jeunesse du Raci et qu’il va s’occuper personnellement de moi ». Il m’a même envoyé la capture du numéro d’appel. Ham’s doit connaitre celui qu’il a appelé le 3 juillet 2018 à 23 heures ; la communication a duré 2 minutes 16 secondes.

Réservations annulées au dernier moment

C’était la deuxième information majeure que je recevais dans le cadre de l’organisation de cette assemblée générale. Parallèlement à ça, depuis un mois, les jeunes gens étaient allé louer la salle Olympe de l’hôtel communal de Korhogo qui coutaient 350 000 FCFA. La réservation fut payée à 150 000 FCFA et après la communication de Ham’s du soir du 3 juillet, le responsable de la jeunesse du Raci a été appelé par la direction de l’hôtel pour dire que des travaux seraient effectués dans ladite salle de réunion et que toutes les réservations étaient annulées.

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Partout où ils sont passés on leur a attribué la salle avant de la retirer une heure après. A la veille de la cérémonie (le 6 juillet 2018 NDLR) l’Institut national de la formation des agents de la santé (Infas) avait fini par leur octroyer leur amphithéâtre pour la réunion. Mais contre toute attente, le 6 juillet 2018, c’est à dire la veille de la tenue de la cérémonie un responsable de l’Infas annule l’octroi de la salle sous prétexte que l’ordre a été donné par la préfecture de Korhogo.

Une réunion et non pas une marche

Les jeunes gens m’ont fait savoir qu’ils ont fait tout ce qui était humainement possible pour l’obtention d’une salle en précisant qu’il ne s’agit pas d’une marche mais plutôt d’une réunion. Qu’ils ne comprennent pas pourquoi toutes les salles leur ont été refusées. C’est ainsi qu’ils ont souhaité que la réunion se tienne à mon domicile. Des jeunes ayant accepté de nous accompagner sur le chemin de la réconciliation et la paix pourquoi vais-je m’opposer à cela ? J’ai donc donné mon accord en leur demandant de le faire à l’intérieur de ma résidence ou à la devanture.

Je leur ai demandé d’informer le Préfet de police de la tenue de leur rencontre et cela fut fait. Une fois à la police on leur a demandé combien d’élément il fallait pour assurer leur sécurité. Ayant déjà les prémices ils ont demandé dix policiers. Ainsi on leur a demandé de payer 5 000 FCFA par policier. Les jeunes gens ont promis revenir avec les 50 000 FCFA. Hier très tôt ( NDLR 7 juillet 2018) le responsable de l’organisation s’est rendu avec la somme à la police. Entre temps, le Préfet de police leur avait mis en contact avec un lieutenant qui devrait coordonner les choses.

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Appel au dozo pour la sécurité du meeting

Ce dernier refuse de prendre l’argent en leur posant la question de savoir de quoi ils avaient peur étant donné que le lieu de la manifestation n’était pas loin de la Préfecture de police. Les jeunes gens ont insisté et il a dit que ce serait fait. Au sortir de là, ils m’ont exhorté à demander au responsable des dozos d’assurer leur sécurité en disant ceci : « parce que ce qu’on entend dans la ville n’est pas bon » a-t-il insisté.

Tout ce que j’ai fait dans ma vie, j’ai pensé le faire pour instaurer un Etat de droit. Si je pense avoir contribué à l’instauration du régime en place ce n’est pas à moi de douter de sa capacité d’assurer la sécurité des biens et des personnes ! Je leur ai demandé de s’en tenir à la promesse de la Préfecture de police. Je leur ai dit de tenir la réunion étant donné que Korhogo est une famille. C’est le 7 juillet (NDLR hier) que je devrais me rendre à Korhogo mais vue la situation, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je ne sois pas joignable à un moment donné.

Des individus sont sortis de partout

J’attendais qu’ils commencent avant de prendre la route. Lorsqu’ils ont commencé à installer les bâches, malheureusement ce qu’ils craignaient arriva. En effet, des individus sont sortis de partout. Certains sont venus dans le sens de la Préfecture de police, d’autres des arbres de l’inspection, d’autres des garages en face de l’hôtel non loin de chez moi. Ils ont pris en parti les premiers qui étaient venus pour la mise en place. On a tous suivi ce qui s’est passé.

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Il est bon de savoir qu’en dehors des machettes certains avaient des explosifs et de l’essence… Les premiers qui sont arrivés avec les bidons les jeunes gens étaient loin de s’imaginer qu’ils avaient affaire à des agresseurs. C’est lorsque les premiers ont commencé à enflammer  les appareils de sonorisation qu’ils ont compris que c’étaient des agresseurs. Ils décident de se réfugier dans la cour avant de ressortir en groupe. C’est là qu’ils vont constater que trois personnes sont entrain de poignarder un individu à mort avant de se sauver. Je n’ai pas été surpris que les jeunes gens ivres de colère accusent des personnalités politiques.

Mon rôle n’est pas de révolter la population

Etant donné que les déforment les faits sur les réseaux sociaux, il est de ma responsabilité de dire ce que je sais ne serait-ce que pour le repos de l’âme du défunt. Du moment où tu dis à quelqu’un si tu es avec telle personne je vais régler ton compte, si les heures qui suivent quelque chose lui arrive tu seras tenu pour responsable ! C’est vraiment dommage.

Mon rôle n’est pas de révolter la population car j’ai très mal. Rien ne doit nous détourner de notre objectif car ceux qui construisent la paix doivent subir. Nelson Mandela a subi pendant plus de 26 ans mais une fois au pouvoir, il n’a pas fait de chasse aux sorcières. Il est même parti dignement du pouvoir. Je dis souvent qu’on n’est jamais indéfiniment fort et indéfiniment faible mais le jour où Dieu te donne le pouvoir, il faut savoir tolérer.

Pendant dix ans j’ai été délégué général des Forces nouvelles à Korhogo. Demandez au Front populaire ivoirien (FPI) lorsque la guerre a éclaté à quel moment a-t-il tenu sa première réunion politique au nord ? Et qui a été l’initiateur ? Ils vous diront que c’est Kanigui Mamadou Soro. La direction du Fpi peut me contredire. C’est moi qui ai demandé aux responsables politique du Fpi de rouvrir leur siège à Korhogo en présidant leur première réunion. Personne n’était plus déterminé pour la cause d’Alassane Ouattara que moi. En ma qualité de délégué général des Forces nouvelles j’avais pour soucis de protéger les populations minoritaires. C’est en cela que j’ai organisé les bété, les dida, les godié, abey…en une association dont j’étais le président d’honneur et Séry le président exécutif. L’association existe de nos jours.

Les gens pensent que c’est par opportunisme que nous parlons de paix et de réconciliation

Non ! Ça se trouve dans notre sang. C’est dans même vision qu’étant étudiant j’ai pensé qu’il fallait tout braver pour éviter l’injustice qui était faite contre certains enfants de ce pays. Je mets quiconque au défi à fait ce que j’ai fait au forum de réconciliation nationale en son temps. Il est vrai que j’ai été agressé plus tard à l’université mais Dieu merci je ne suis pas mort. Est-ce que quelqu’un peut-il tenir le même discours aujourd’hui dans ce pays sans mourir ?

On ne doit pas remplacer la haine par la haine

Les Ivoiriens doivent comprendre qu’on ne doit pas remplacer la haine par la haine. Nous sommes frères et sœurs dans un même pays où nous sommes condamnés à vivre ensemble. Pendant la crise je suis allé dans le village du doyen Laurent Dona Fologo pour empêcher les gens d’incendier sa maison. On dit de moi avoir pris les armes contre la mère patrie ; ce n’est pas au moment où tout est calme qu’on va avoir des réactions pareilles !

Ce qui reste à faire c’est d’enterrer dignement Kognon Soro parce que c’est un martyr

La Côte d’Ivoire doit aller de l’avant. Notre souhait est que cet assassinat soit condamné par l’ensemble de l’opinion publique nationale et internationale y compris l’Etat de Côte d’Ivoire. Les auteurs et les commanditaires doivent être jugés et condamnés par la justice. Laissons l’Etat faire son travail nous autres citoyens pouvons avoir mal de la suite d’un évènement mais il ne nous revient pas de nous rendre justice. Je dis à tout le monde que nous avons mal mais nous pensons bien faire. Ne posons aucun acte de vengeance.

Calmons nous ce qui reste à faire c’est d’enterrer dignement Kognon Soro parce que c’est un martyr. Concentrons-nous à organiser des obsèques dignes pour lui et laissons la justice faire son travail.

NDLR : Les accusations portées sur le dénommé Am’s sont battues en brèche par le commissariat départemental des jeunes du RDR. « Ce sont des allégations forcément mensongères. Ce sont des gens qui ne pèsent pas grand-chose à Korhogo et qui veulent se donner de l’importance en montant de toutes pièces des scénarios dont eux seuls, en tant qu’anciens rebelles ont le secret. Mais nous prouverons bientôt que ce sont eux-mêmes qui sont à la base de ces agissements ».

Propos recueillis par Karina Fofana

Attaque du meeting pro-Soro à Korhogo : Qui a tué Kognon Soro ?

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