Malan Aka : « la plainte contre Soro pour la mort de IB implique gravement des chefs de guerre et Ouattara »

Soro est poursuivi en France pour la rébellion ivoirienne de 2004. Peut-on reprocher, à Ouattara d'être derrière cette plainte ? Une analyse de Malan Aka.

M. est poursuivi depuis le jeudi 07 Mai dernier, devant la justice française, pour « torture », « assassinat » et « crimes de guerre » dans le cadre des activités de la rébellion armée, de 2004 à 2011, en Côte d'Ivoire. Depuis lors, certains observateurs s'interrogent sur les acteurs à l'origine de cette plainte qui laisse entrevoir une main obscure du régime d' dans cette affaire. Dans cette analyse, nous essaierons de comprendre ce qu'il en est ; et d'exposer les éventualités dans la suite de cette instruction.

Peut-on reprocher, à Ouattara d'être derrière cette plainte ?

Si nous partons de l'hypothèse que c'est le clan Ouattara qui est derrière cette plainte, alors l'on est tenté de savoir : les raisons qui pourraient inciter l'Etat de Côte d'Ivoire à mettre sur pied une partie civile pour porter plainte, plutôt que de le faire officiellement contre M. SORO, devant la justice Française. Le 13 avril 2007, alors président de la République de Cote d'Ivoire a promulgué une loi d'amnistie couvrant les infractions contre la sûreté de l'Etat commises sur le territoire ou par les en exil depuis l'an 2000. Cette loi couvre de facto, les nombreuses exactions perpétrées par la rébellion armée dirigée par Guillaume SORO. Cette décision avait été prise par le Chef de l'Etat, dans le cadre de la recherche d'une solution de sortie de crise afin d'accélérer le processus de réconciliation nationale.

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Nous sommes aujourd'hui en 2020, de surcroit à cinq (05) mois de la présidentielle d'Octobre 2020. Alors lever cette loi d'amnistie pour permettre à l'Etat de Côte d'Ivoire de poursuivre Guillaume SORO serait la preuve flagrante que les poursuites actuelles contre l'ancien chef rebelle ont pour seul objectif de l'écarter de la course présidentielle ; d'autant puisque l'épineuse question du « Pourquoi, c'est maintenant qu'il est poursuivi ? » deviendrait être plus incisive. Il faut remarquer que le récent mandat d'arrêt international, lancé par l'Etat de Côte d'Ivoire, qui contraint M. SORO à l'exil, et qui a suscité l'effervescence, est relatif à une affaire de détournement de fonds publics orchestrée depuis 2007.

Face à cette situation, que ferait le régime Ouattara pour rendre cette plainte crédible là où il lui est fortement reproché de œuvrer contre la candidature de ses plus farouches adversaires ? C'est simple, il faut motiver un groupe de personnes constitué en partie civile, à qui confier la paternité de cette plainte.

Le clan Ouattara en tire un grand profit, puisque cette plainte qui implique l'ancien premier ministre dans une deuxième procédure judiciaire en seulement cinq (05) mois va ternir l'image de celui-ci au sein de la communauté nationale et internationale. De plus, si le dossier est ouvert en avant la date constitutionnelle de la future présidentielle ivoirienne, Guillaume SORO pourrait être empêché de quitter le territoire français, et par conséquent empêché de prendre part au scrutin d'Octobre 2020.

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Peut-on parler de victoire pour le clan Ouattara ?

Réussir à maintenir Guillaume SORO loin des élections d'Octobre 2020 n'est pas synonyme de victoire pour M. Ouattara puisque l'objectif visé est de parvenir à maintenir sa famille politique au pouvoir au terme du scrutin. Pourtant, à ce jour, les sondages ne jouent pas en faveur de M. Ouattara puisque l'on sait tous le RDR- isolé de la scène politique en Côte d'Ivoire ; les actions du gouvernement sont contestées en bloc par les populations ivoiriennes, l'organisation biaisée des élections est mise à nu par le peuple de Cote d'Ivoire qui d'ailleurs promet faire triompher la vérité des urnes malgré le hold-up électoral que prépare le dictateur d'Abidjan.

Que deviendrait le clan Ouattara s'il venait à perdre le pouvoir ?

La question de Guillaume SORO devant la justice semble être anodine pour le camp Ouattara ; peut-être parce qu'il entend se maintenir par la force au pouvoir au terme des évènements électoraux d'Octobre 2020. Cependant, il faut le dire à qui veut l'entendre que M. Ouattara risque d'être victime de la cartouche ‘'meurtrière'' tirée par lui-même pour achever l'ancien Porte-Parole de la rébellion armée.

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En effet, si le camp présidentiel venait à perdre le pouvoir en 2020, Ouattara et les ex-com 'zones perdraient l'immunité présidentielle dont jouissent. Et la procédure judiciaire pendante contre Guillaume Soro les rattraperaient puisqu'ils ont tous été co-auteurs des faits motivants les différentes plaintes. Dans la plainte, contre Guillaume Soro, le dossier relatif à « l'assassinat'' d' dit ‘'IB », implique gravement Ouattara et les chefs de guerre aujourd'hui acquis à la cause du chef de l'Etat ivoirien.

L'on se souvient tous de ce vendredi du 22 Avril 2011, où M. Alassane Dramane Ouattara s'adressait aux militaires (depuis l'Hôtel du Golf) en ces termes : « Je vous instruit de demander aux chefs miliciens et au Cmd. Ibrahim Coulibaly de venir vous voir pour déposer les armes. Il faut que cela soit fait rapidement. Si cela n'est pas le cas, votre rôle sera de les désarmer par la force. » Une semaine après, exactement le 27 Avril, le Cmd. Ibrahim Coulibaly dit « IB » trouve la mort lors d'une offensive des contre son QG.

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Il faut aussi préciser que ces militaires qui ont « assassiné » IB ont agi dans le cadre d'une mission officielle et républicaine ; et ce, après que, dix jours avant (le 17 Avril) M. Ouattara ait signé un décret présidentiel portant création des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI).

Cette bataille politico-juridique qui se déroule sous nos yeux est la preuve que Ouattara joue son va-tout en tentant de maintenir sa famille politique au pouvoir afin de s'assurer une retraite politique paisible les cinq (05) ou dix (10) prochaines années. Si toutes ses manœuvres venaient à échouer, ce serait le début d'un nouvel air marqué par série de dossier brulants en justice mais aussi de réparation pour les nombreuses victimes de la décennie de crise politico-militaire qu'a connu notre pays.

Written by Malan Aka

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