Meetings empêchés du PPA-CI à Tiesso, Morondo et Fadjadougou dans le département de Kani. Des épisodes politiques orageux, auxquels notre pays assiste dans une quasi-indifférence se multiplient.
Ce sont des signes avant-coureurs. Ils nous préviennent que la Côte d'Ivoire reste encore et toujours une cocotte-minute plombée qui bout, pour le moment, à feu doux avant la déflagration électorale.
Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, a vu les affiches de sa visite vandaliser à Adzopé (chef-lieu de la région de La Mé) et Bayota (sous-préfecture de la région du Gôh), alors que celles du chef de l'État, souhaitant la bonne année aux Ivoiriens sur toute l'étendue du territoire national, sont encore intactes.
Et c'est maintenant au tour de Stéphane Kipré, 1er vice-président chargé de l'implantation nationale de ce parti, de faire les frais de l'extrémisme politique. Il a été empêché de tenir, cette fin de semaine, des meetings à Tiesso, Morondo et Fadjadougou (département de Kani, région du Worodougou).
Aucun ministre, aucune autorité préfectorale ne réagit officiellement et l'on assiste à aucune arrestation puisque les auteurs bien identifiés de ces actes sont des militants du RHDP et partisans d'Alassane Ouattara, à l'instar de ceux qui ont brandi de graves menaces et interdit la « marche priante » des chrétiens en février 2020, à Abidjan. Contre ces derniers, des mandats d'amener ont été lancés sans jamais avoir été exécutés.
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Ainsi, ceux qui prônent officiellement le concept du « Vivre ensemble » se revèlent au fond ses fossoyeurs. La réconciliation, que le pouvoir clame retrouvée, est une illusion, tellement les apparences demeurent trompeuses.
Depuis la fin, en 2000, de la transition militaire, tous les pouvoirs se sont servis de la belle rhétorique de la réconciliation nationale comme d'un cache-sexe.
Le Forum de la réconciliation nationale en 2001? Du pipeau. Il n'a pas coupé l'herbe sous les pieds de la rébellion armée de 2002 et de la guerre post-électorale malgré l'Accord politique de Ouagadougou (APO).
La Commission dialogue, vérité et réconcilition (CDVR) en 2012!? De la poudre de perlimpinpin. Elle n'a pas étouffé les « cas de force majeure » et le « troisième mandat anticonstitutionnel et illégal ». Avec, à la clé, des morts et des morts.
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Dans cet environnement, le ministère de la Réconciliation, porté sur les fonts baptismaux en mars 2003 après la table ronde de Linas-Marcoussis, est une coquille totalement vide. Sans aucun pouvoir depuis le Prof Sébastien Dano Djédjé, son premier occupant, il assiste en spectateur au pourrissement du climat politique, comme actuellement Kouadio Konan Bertin alors que les ingrédients des troubles précédents se mettent en place.
De ce fait et face aux antagonismes exacerbés, les aveugles voient bien que la paix, ballotée au pays de Félix Houphouët-Boigny, n'est plus une religion. C'est un vain mot. Après les « Jeunes patriotes », hier, mobilisés contre la rébellion armée et ses soutiens, ce sont aujourd'hui des Néo-patriotes, dressés pour défendre Ouattara.
Les « gbakas verts » ont conduit de violentes contre-manifestations pour contrer les velléités de l'opposition de contrarier le régime Ouattara, en 2020. Sur leur trace, des militants et partisans du parti présidentiel, surexcités et chauffés à blanc, se substituent maintenant aux autorités pour imposer leur « pax ». Envers et contre tous.
Ce grand gâchis met les autorités ivoiriennes face à leurs responsabilités régaliennes. En juin 2019, elles ont fait la sourde oreille, le traitant d'ivoiritaire et xénophobe, quand Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, a tiré courageusement la sonnette d'alarme sur l'orpaillage clandestin et illégal, avant de le rejoindre, toute honte bue.
Elles viennent encore de faire grise mine. A la remise, le 8 février 2023 à Yamoussoukro, du Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, dont il est le protecteur, à l'ex-chancelière allemande A. Merkel, Bédié n'a pas laissé passer l'occasion d'en appeler à l'aide, au risque d'être vu comme un trouble-fête.
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« J'ai une pensée pour mon pays, la Côte d'Ivoire, qui peine encore à engager un dialogue franc et sincère entre tous ses fils et filles pour construire une paix durable au service du bonheur de ses populations ». Sera-t-il écouté!?
F. M. Bally
