Message Voeux 2024 : Simone Gbagbo demande au Gouvernement de prendre des mesures courageuses pour le retour de Soro

Simone Gbagbo, présidente du MGC
Simone Gbagbo, présidente du MGC © Crédit Photo Service Communication Simone Gbagbo

Simone Ehivet Gbagbo aux Ivoiriens a adressé un message aux Ivoiriens pour la Nouvel An 2024 ce 31 décembre.

Ci-dessous son message :

Chers compatriotes ; Chers ami(e)s de la Côte d'Ivoire.
L'année 2023 qui s'achève, a été marquée par de nombreux évènements majeurs.

Sur le plan international, en Europe, l'actualité a été dominée et l'est encore par la poursuite de la guerre qui oppose la Fédération de Russie à la République ukrainienne. Cette crise militaro-politique, géostratégique continue de causer d'énormes pertes en vies humaines et présente de multiples conséquences qui impacteront durablement l'avenir du continent européen et du monde.

Au Moyen-Orient, l'éclatement d'une autre guerre entre l'État d'Israël et le Hamas entraine des conséquences effroyables : des morts, des déplacements massifs et d'énormes dégâts matériels sont à déplorer. L'ampleur de la tragédie qui se joue à Gaza est telle que, pour la seconde fois depuis la création de l'Organisation des Nations Unies, son Secrétaire Général a dû évoquer l'article 99 de la Charte de l'ONU pour rappeler les Membres du Conseil de Sécurité à leurs responsabilités envers l'humanité.

En Afrique, les armes explosent et se font entendre au Soudan où se déroule dans l'impuissance presque totale des organisations africaines elles-mêmes, une guerre civile désastreuse. Pendant ce temps, les pays dans la bande du Sahel continuent de subir les agressions des terroristes qui déstabilisent des États entiers et provoquent des déplacements nombreux de populations vers les pays côtiers en général et vers la Côte d'Ivoire en particulier où l'immigration constitue une préoccupation majeure et stratégique.

Les derniers désastres que l'on peut citer, concernent toutes les grandes catastrophes naturelles qui se sont produites dans le monde entier et qui ont provoqué des milliers de morts :

  • Tremblements de terre ;
  • Inondations ;
  • Cyclones et tempêtes.
    Je m'incline devant la mémoire de toutes les victimes.

Cette année a donc été jalonnée de graves crises qui menacent la stabilité de notre planète. Toutefois, dans ce contexte trouble, il existe fort heureusement quelques lueurs d'espoir. En effet, lors de leur 15ème sommet tenu du 22 au 24 août 2023, les pays membres du groupe des BRICS ont décidé de l'élargir à six nouveaux pays, à savoir l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Éthiopie et l'Iran, dès le début de l'année 2024.

Cette décision historique influence positivement les relations internationales et laisse entrevoir de nouvelles perspectives vers un monde multipolaire plus équilibré et plus juste.
Nous félicitons au passage, notre frère AHOUA Don Melo qui vient d'être nommé Vice-Président chargé des projets stratégiques de l'alliance internationale des BRICS.

Plus près de nous, dans la sous-région ouest-africaine, l'année 2023 a enregistré un coup d'État militaire au Niger après ceux du Mali, du et de la Guinée. Avec ce changement, l'on note dans ces états un éveil affirmé de souveraineté ainsi qu'un fort mouvement de solidarité au sein des peuples.

Nous déplorons le fait que de vives tensions consécutives à ces bouleversements opposent la CEDEAO et l'UEMOA aux nouveaux pouvoirs militaires de la sous-région. Ces tensions qui persistent, doivent prendre fin. À la vérité, cette situation révèle l'urgence de procéder à une réforme profonde de ces organisations qui doivent devenir des leviers puissants d'une intégration forte et d'une solidarité active des peuples de l'Afrique de l'Ouest.

Heureusement, malgré toute cette noirceur décourageante, l'on peut constater que la démocratie continue de se battre pour exister et consolider la voie des élections dans notre continent.

Grand salut au nouveau Président du Libéria, son excellence Joseph BOAKAI.

Sur le plan national, l'état de notre pays reste très préoccupant. Plusieurs évènements notables sont à retenir.

Au niveau économique, la situation réelle de la Côte d'Ivoire n'a guère connu d'amélioration en dépit des chiffres mirobolants régulièrement brandis par les gouvernants. L'endettement s'est accru et les denrées alimentaires de première nécessité ont connu des flambées de prix inédites. Par exemple, les prix du pain, de l'huile, du riz, du sucre ont grimpé, tout comme le prix du carburant. L'on enregistre même une pénurie au niveau du sucre.

La vie est devenue trop chère dans notre pays et les populations en souffrent énormément.
Comme pour aggraver cette situation déjà intenable, le gouvernement vient d'annoncer une nouvelle augmentation du prix de l'électricité à hauteur de 10 % après celle de juillet 2023. Cette fois, toutes les couches de la population sont concernées par cette mesure drastique.

Chers compatriotes.
Dans ce contexte particulier de paupérisation généralisée, je demande au gouvernement d'envisager d'autres solutions pour régler les problèmes d'ordre financier et de gouvernance qui menacent la stabilité de ce secteur.
J'affirme que des solutions existent pour réduire le prix de l'électricité dans un pays comme le nôtre, qui bénéficie d'un ensoleillement toute l'année.

Au niveau social, l'actualité nationale a été marquée par des fléaux tels que :

l'orpaillage clandestin avec ses corolaires d'accaparement des terres, de pollution des eaux et d'agression de l'environnement ;

les assassinats et crimes rituels dans des proportions alarmantes ;

l'augmentation du nombre de suicides ; selon le dernier rapport de l'OMS sur la santé mentale des jeunes, la Côte d'Ivoire a le troisième taux le plus élevé de suicides en Afrique ;

la migration périlleuse de milliers de jeunes ivoiriens vers l'Occident ;

la consommation de drogues et autres produits dangereux par la frange la plus jeune de la population ivoirienne.
Que dire de l'immigration toute aussi mal maîtrisée que suscitée ?
Après le triste épisode des « OUEREMI », nous assistons aujourd'hui à une nouvelle vague d'immigration consécutive aux crises sécuritaires que traversent le Mali et le Burkina-Faso, nos pays frères. L'arrivée sur le territoire national d'aussi importantes masses de populations étrangères, génère des préoccupations socio-économiques et ethnoculturelles.
Il importe donc que les populations autochtones soient étroitement associées à toutes les initiatives gouvernementales d'accueil de ces réfugiés, au risque d'aggraver la situation sociale du pays, déjà très préoccupante.

Au niveau politique, il y a eu l'organisation des élections municipales, régionales et sénatoriales. Ces élections ont été entachées de cas flagrants de fraudes massives, de violences et d'achat de consciences. Ces élections ont confirmé davantage l'impérieuse nécessité de reformer d'urgence et en profondeur tout le système électoral ; ceci, d'autant plus que la prochaine élection présidentielle prévue pour 2025 est imminente.

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Enfin, ces derniers mois, l'ancien Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur , a annoncé sa volonté de mettre fin à son exil et de rentrer en Côte d'Ivoire. Cette annonce qui alimente le débat politique national relance la question de la réconciliation vraie entre les filles et les fils du pays. Je demande à nouveau au Gouvernement de prendre des mesures courageuses allant dans le sens de l'apaisement, de la stabilité du pays et de la facilitation du retour de tous les exilés en Côte d'Ivoire, conformément à l'article 12 de notre constitution qui dispose qu'« aucun Ivoirien ne peut être contraint à l'exil ». Le moment est plus que jamais venu de libérer tous les prisonniers politiques, civils et militaires.
Il faut à notre Nation un véritable dialogue inclusif qui devra réunir autour de la table tous les partis politiques, les organisations de la société civile et toutes les forces vives de la Nation en vue de régler l'ensemble des problèmes d'ordre politique, institutionnel, social et économique, source de conflits dans le pays.
La Paix sociale que nous recherchons tous en dépend.

Chers Compatriotes, l'année 2024 va être en Côte d'Ivoire une année très importante. Elle précède l'élection présidentielle de 2025 et les élections législatives de 2026. C'est donc en 2024 que doivent être abordées, traitées et résolues les questions relatives aux réformes électorales consensuelles qui vont permettre l'organisation d'élections saines, apaisées et démocratiques dans notre pays. Il faudra donc :

  • Une modification radicale de la CEI ;
  • La reprise sur des bases équitables du découpage électoral ;
  • Le renforcement de la décentralisation par la création des communes sur tout le territoire ivoirien et le règlement courageux de la question du financement de la décentralisation ;
  • L'inscription automatique de tous les nouveaux majeurs sur les listes électorales et la revisitation des listes électorales ;
  • La réforme du code électorale.

2024 doit nous permettre également d'adresser concrètement la question de l'encadrement scientifique, technique, financier de tous les Ivoiriens qui s'investissent réellement dans la production et la transformation de nos produits agricoles et alimentaires. Que l'État renforce davantage les structures et les équipements en la matière et accroissent les financements qu'il faut nécessairement rendre accessibles aux jeunes et aux femmes engagés dans ce domaine d'activité. Cela leur permettra d'être compétitifs, voire conquérants sur un marché de plus en plus ouvert et concurrenciel.

Chers Compatriotes, populations de Côte d'Ivoire,
À l'entame de la nouvelle année 2024, la Côte d'Ivoire, notre cher pays accueille la CAN 2023, la plus grande fête du football africain. Je voudrais souhaiter au Comité d'organisation, un franc succès dans les préparatifs et l'organisation de cette grande fête sportive. Pour notre équipe nationale, les Éléphants, avec tous les Ivoiriens, j'émets le vœu ardent de les voir remporter cette compétition.
À tous mes compatriotes et aux amis de la Côte d'Ivoire, je formule des vœux de santé, de paix, de prospérité, d'unité et de cohésion retrouvée.

Bonne et heureuse année 2024 !
Que Dieu vous bénisse tous !
Qu'il bénisse la Côte d'Ivoire et l'Afrique !

Docteur Simone Ehivet Gbagbo
Présidente du MGC

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