Un proche de Soro, Abi-Daman Koné s'est prononcé sur les récentes visites du président Alassane Ouattara en France et ensuite au Niger.
On le savait politiquement diminué voire isolé en interne. À l'international, le doute vient d'être définitivement levé. Car la leçon que l'on retient de la dernière tournée diplomatique du Président Alassane Ouattara est que l'homme a perdu de la superbe internationale qui lui était pourtant enviée, ce depuis les années de braise de l'opposition politique jusqu'à très récemment encore.
C'est d'ailleurs à juste titre que son prédécesseur Laurent Gbagbo, conscient du prestige international de son adversaire, et fort du sens aiguisé de la dérision et de la boutade qui lui était reconnu, l'avait dans la foulée de la campagne électorale de la présidentielle de 2010, surnommé « le candidat de l'étranger ».
Aujourd'hui, l'homme apprécié de l'étranger est désormais vomi par l'étranger. En cause, l'épreuve d'une décennie d'exercice du Pouvoir d'État qui a mis à nu l'image non pas du cadre africain civilisé, policé et de bonne éducation occidentale, mais celle d'un dictateur suffisamment fermé, rugueux et rustre pour faire pâlir d'envie un Mobutu ou un Eyadema de l'époque africaine de la pensée unique.
En émule de ces souverains africains aujourd'hui disparus, le Président Ouattara dispose de geôles qui ne désemplissent pas des politiquement incorrects. En outre, toute protestation ou contestation de rue subit la répression policière souvent appuyée par de jeunes miliciens armés d'armes blanches et de gourdins. L'Église catholique l'a appris à ses dépens, elle qui pour un projet de marche priante pour la paix, a essuyé des menaces de mort de ces supplétifs civils des forces de sécurité régulière.
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La goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la tolérance internationale est le projet en cours de « Présidence à vie » que veut se tailler le Président Ouattara à travers sa volonté de 3ème mandat pourtant anticonstitutionnel. De quoi lui coûter la bienveillance de la France, depuis toujours son principal soutien international.
Et sa dernière visite à l'Élysée, dépourvue du faste habituel et des honneurs dignes du rang de l'hôte de marque qui vont avec, en plus du blackout médiatique imposé par les officiels français embarrassés, a fini par convaincre les plus sceptiques sur la désormais infréquentabilité de notre Président.
Après la « déculottée » diplomatique reçue en terre francilienne, cap fut mis sur Niamey, sur cette terre africaine réputée chaleureuse. Le séjour y sera-t-il pour autant chaleureux ? Rien n'est moins sûr. Dans la capitale nigérienne, se tenait le 57ème sommet des Chefs d'État de la CEDEAO.
Au cours de ce sommet, le Chef d'État du Nigeria, le géant de la sous-région, a pris la parole pour fustiger le fléau du 3ème mandat, rejoignant ainsi sur la question, la position déjà bien connue et tranchée de son homologue bissau-guinéen. L'allusion à ses homologues guinéen et ivoirien était nette.
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Autant dire que la dernière tournée diplomatique du Président Ouattara fut pour lui un cauchemar. Parti en quête de soutien, il est rentré bredouille à la maison. De quoi lui suggérer de sagement reconsidérer sa position en vue de se ménager une porte de sortie honorable.
Car politiquement isolé et esseulé en Côte d'Ivoire parce qu'abandonné par tous ses alliés politiques, maintenant dévêtu de son prestige international et privé des soutiens subséquents, de quelle marge de manœuvre dispose-t-il encore pour se maintenir à la barre ?
ABI-DAMAN KONE.
Professeur de Lycée ;
Secretaire général adjoint du RACI chargé de la Communication et de l'Information