Discours de Simone Gbagbo le 19 février 2023 lors de la cérémonie d'installation du Vice-Président Coordonnateur du District d'Abidjan MGC, Aka Corentin.
Populations du District des Lagunes,
Madame la représentante du Président du Conseil Régional,
Mesdames et Messieurs les chefs traditionnels,
Mesdames et Messieurs les chefs de communautés,
Mesdames et Messieurs les responsables religieux,
Chers amis qui nous faites l'honneur de vous associer à cette manifestation
Chers Camarades du Mouvement des Générations Capables
Soyez salués et remerciés, tous autant que vous êtes, dans le rassemblement de ce jour !
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d'adresser un salut particulier aux chefs traditionnels venus en très grand nombre à cette manifestation. Ils sont plus de 200 à être avec nous ce matin. Je m'honore de leur présence et leur traduis toute ma gratitude.
Je remercie enfin tous les responsables et les acteurs de la danse « Kpakpatcha ».
Je voudrais maintenant, à l'entame de mon propos, dire la grande joie, doublée d'émotion, qui m'anime en ce moment. L'émotion de me retrouver à Dabou, dans le « Lèboutou » !
Certains se rappellent peut-être que Dabou, c'est la localité où est née cette formation politique des années 1980, le Front Populaire Ivoirien (FPI). Ce Parti-là qui a contribué, dans une large mesure, à ouvrir la voie à une avancée notable vers la liberté, vers la démocratie.
À ce titre, le « Lèboutou » se trouve en position de berceau : berceau de la démocratie, berceau de la liberté, berceau de notre quête de la dignité ! C'est un lieu historique qui figure en bonne place dans notre mémoire collective. En effet, en 1988, dans une palmeraie de la terre de Dabou, une poignée de personnes audacieuses et déterminées, qui ne reculaient devant aucune menace, a posé des jalons solides du pluralisme politique en Côte d'Ivoire. Et lorsqu'on fait partie des acteurs de cette époque-là, on est forcément ému, quand on se retrouve sur ces terres, plus de 30 ans plus tard, pour parler de liberté, pour agir pour la démocratie, la réconciliation et la paix. J'ai eu l'honneur d'être de ces personnes-là. Nous croyions fermement à la lutte pour la liberté.
Aujourd'hui, l'histoire de ce parti-là a pris la tournure que l'on sait ; mais il reste que Dabou demeure le berceau incontestable de notre quête de dignité. Voilà la raison de ma grande émotion, ce jour !
En plus, j'éprouve une joie immense, devant cette foule nombreuse et diverse, constituée de personnes de très grande qualité.
Je me sens honorée ! Et je ne pouvais pas ne pas avouer cette joie. Une joie que je sens partagée, à travers cet enthousiasme spontané qu'on peut percevoir sur les visages et dans les gestes.
Merci pour votre présence ! Merci de nous recevoir si chaleureusement !
Mesdames et Messieurs,
Populations du « Lèboutou ».
Après le 12 novembre 2022 et le 28 janvier dernier, où nous avons respectivement installé le Vice-Président Coordonnateur du District d'Abidjan, DIOMANDÉ Mami à Anono et celui du District de la Comoé, AKOÏ Kacou Innocent à Aboisso, nous voici réunis ce jour, ici à Dabou, pour la cérémonie d'installation du Camarade AKPA Corentin en qualité de Vice-Président Coordonnateur du District des Lagunes.
Notre Parti, le MGC est donc en plein déploiement sur toute l'étendue du territoire national et dans plusieurs pays du monde. Je me réjouis du bon accueil que nous recevons partout et j'encourage ceux qui ne nous ont pas encore rejoints à le faire. Notre ambition est de faire du MGC, le plus grand Parti de ce pays et cela est possible.
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Mesdames et Messieurs,
Chères populations,
Celui que nous venons d'installer ne vous est pas inconnu. Il est originaire du village de Débrimou. C'est un fils du Lèboutou. Le Camarade AKPA Corentin a acquis le titre de noblesse en pays Odjukru. C'est donc une personne digne de confiance, normalement intégrée à sa société traditionnelle que nous présentons comme premier responsable du MGC chez vous, dans le District des Lagunes. Vous avez à faire ensemble de grandes et excellentes choses.
Camarade AKPA, te voilà installé, te voilà investi de tous les pouvoirs pour gérer ce vaste District d'une superficie de 20 885 km2. Cela représente 6,55% de la superficie totale de la Côte d'Ivoire. Depuis 2014, le total de la population de cette partie du pays est estimé à 1. 475 047 personnes, soit, à peu près 5% de la population globale.
Le District des Lagunes comprend les trois régions que sont : la région de l'Agnéby-Tiassa, la région des Grands Ponts et celle de La Mé. Ces trois régions s'étendent sur onze (11) Départements qui sont : Dabou, Jacqueville, Grand-Lahou, Agboville, Tiassalé, Sikensi, Adzopé, Alépé, Agou, Akoupé, Yakassé Atobrou.
À tous égards, le District des Lagunes est un espace territorial aux grandes potentialités.
Sur le plan naturel, sa situation géographique de proximité avec l'Océan Atlantique, en plein Golf de Guinée au sud, et la présence de la forêt tropicale traversée de cours d'eau de part en part, avec de nombreuses espèces végétales et animales assurent à cet espace territorial une très riche biodiversité.
Sur le plan économique, l'agriculture se situe en première ligne, avec des cultures de rente telles que le palmier à huile, l'hévéa, le cacao et le café. L'on a en plus les cultures vivrières du manioc, de l'igname et de la banane. Tous ces produits placent votre District dans le lot de tête des activités agricoles du pays.
Il faut toutefois travailler à réaliser l'autosuffisance alimentaire en procédant à un usage rationnel et équilibré des terres cultivables. En la matière, le District des Lagunes qui, comme celui de la Comoé, regorge de nombreux basfonds, est favorable à une culture intensive du riz.
Je l'ai déjà dit à Aboisso et je le répète ici à Dabou. En Côte d'Ivoire, le riz est l'aliment principal et le besoin de consommation en riz blanchi est évalué à environ 2 600 000 t/an. Or, nous ne produisons que 1 300 000 t/an. La production nationale de riz blanchi ne couvre donc que 50% des besoins nationaux de consommation. Pour combler ce déficit, notre pays importe massivement du riz ce qui constitue une source importante de sortie de devise. En 2021, la Côte d'Ivoire a dépensé 405,88 milliards de FCFA pour importer 1 400 000 tonnes de riz.
Quand je regarde tous ces cours d'eau et ces basfonds, je me dis que le potentiel rizicole du District existe vraiment et nous ne pouvons pas continuer de rester les bras croisés.
De même, nous ne devons pas rester les bras croisés concernant nos besoins en consommation de poissons.
À ce propos, chaque année, notre pays se voit obligé de dépenser entre 300 et 400 milliards de FCFA pour importer du poisson surgelé afin de satisfaire la consommation locale en poisson. En effet, la production nationale halieutique de 70 000 tonnes ne couvre à peine que 14% des besoins de consommation de la population estimés à 500.000 tonnes de poissons par an. Cette situation doit aussi interpeller tout le District des Lagunes qui bénéficie d'un des réseaux hydrographiques les plus denses du pays. Dans ce District, il y a des cours d'eau partout car le District des Lagunes est un District côtier bordé sur toute sa partie sud par le Golfe de Guinée. Sa bande littorale s'étend sur environ 160 km. Il est fortement irrigué car il bénéficie des affluents des fleuves Comoé. Le District compte d'autres cours d'eau comme l'Agnéby à Agboville, la Mé à Adzopé, le N'zi (affluent du Bandama), le Mafou et le Boubo. Le département d'Akoupé est par exemple irrigué par quatre cours d'eau notamment le fleuve Comoé, la rivière Agbo, le Zogny et l'Asseublé.
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Avec une telle richesse en eau, il nous faut dépasser le stade de la pêche artisanale pour développer l'aquaculture dans ce District et contribuer ainsi à l'autosuffisance halieutique.
Par ailleurs, on trouve chez vous des escargots en grande quantité à l'état naturel. Le temps est venu de développer des unités importantes de production d'escargots.
Nous subissons en ces moments-ci de plein fouet la flambée des prix des produits indispensables pour la vie. Ne perdons pas de vue qu'une des raisons de ces augmentations vient de ce que nous produisons en grande quantité des choses que nous consommons peu nous-mêmes et que nous ne transformons même pas : café, cacao, hévéa, anacarde, palmier, etc.
Et nous produisons de trop petites quantités de ce que nous consommons : riz, attiéké, banane, tomate, aubergine, piment, etc. De sorte que nous dépendons presqu'entièrement, pour tout, de l'étranger : vivres, vêtements, médicaments, matériels électro-ménagers, matériels chimiques, scientifiques, matériaux de construction, etc.
Nous n'avons donc aucun contrôle sur les prix de tous les produits que nous utilisons.
L'hévéa et le palmier à huile offrent des capacités de transformation et donc d'industrialisation infinies. Notre problème provient de nos ignorances en la matière et de notre manque de confiance en nous-mêmes.
Enfin, avec les découvertes récentes de potentialités minières, les grandes régions du District pourraient rapidement devenir de grands pôles industriels.
Au total, de tout ce qu'on peut avoir dans cet important District des Lagunes, il faut améliorer la production et procéder à la transformation ! Nous en sommes capables ! Il suffit d'avoir de l'audace.
Notre pays a toutes les potentialités pour devenir un pays moderne, développé et prospère. Et notre peuple est capable de le mettre à ce niveau-là. Tout dépend de comment nous posons les problèmes, et de comment nous agissons ensemble, dans l'amour de soi, du prochain et de la patrie, en ayant la crainte de Dieu, pour apporter des solutions idoines.
Camarade AKPA, en tant que Vice-Président Coordonnateur du District des Lagunes, je te demande donc d'organiser la réflexion autour de ces questions et d'accompagner les populations dans des projets de développement ciblés. Mobilise les cadres, les jeunes, les hommes. Insuffle leur la foi en l'Ivoirien, en notre avenir assumé par nous-mêmes d'abord.
Pour ce que je sais de toi, tes chances de réussite sont grandes. Ce sera là, l'un des moyens par excellence pour le MGC, de contribuer à la création d'emplois et de richesses dans ce beau District dont tu as la charge.
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Mesdames et Messieurs,
Population du District des Lagunes,
Depuis le 20 août dernier, j'ai davantage affirmé mon engagement à bâtir la Côte d'Ivoire dont je rêve, avec la création du Mouvement des Générations Capables, Parti politique que je préside.
Avec le MGC, j'ambitionne de construire :
− Une grande Nation ivoirienne réconciliée, forte, pleine de justice et d'équité ;
− Une Nation démocratique, moderne, prospère et décomplexée ;
− Une Nation ivoirienne ouverte à l'Afrique et au monde mais souveraine dans tous les domaines d'activités stratégiques ;
− Une Nation peuplée d'hommes et de femmes à l'esprit et à la mentalité renouvelés ; des hommes et des femmes remplis de science, de connaissances, de techniques, capables de créer, d'inventer, d'ouvrir des voies nouvelles pour ses fils et de proposer des solutions au reste du monde ;
− Une Nation, peuplée de jeunes, pleins de vie et d'espérance, capables de transformer en richesses tous les produits de notre sol et de notre sous-sol ;
− Une Nation où la qualité et le niveau de vie des citoyens sont relevés par la mise en œuvre de politiques publiques garantissant l'accès accru des citoyens aux services publiques de base (santé, sécurité, éducation, salubrité, formation, emploi, etc.) marqués par l'excellence ;
− Une Nation où le développement profite à tous ; où la solidarité nationale l'emporte sur les intérêts et lobbies extérieurs ;
Ce désir d'édification de cette Côte d'Ivoire nouvelle, nous amène à participer à toutes les élections qui seront organisées dans notre pays. Nous devons non seulement participer à toutes les élections mais nous devons surtout nous donner les moyens de les remporter.
Et fort heureusement, cette année 2023 qui vient de commencer ouvre une période électorale dont tout le monde parle. Mais on en parle, tout en sachant que les élections en question sont en passe de se dérouler avec des listes électorales non consensuelles, un découpage électoral sans critères objectifs, et que cela n'est pas démocratique.
Il y a eu beaucoup de bruit autour d'un dialogue politique qui n'a rien donné.
Les propositions de l'opposition relatives aux réformes du système électoral ne sont toujours pas prises en considération.
Je continue inlassablement d'inviter le gouvernement à engager courageusement de vraies réformes visant à obtenir :
− Une CEI indépendante des politiques et indépendante des Partis Politiques ;
− Une liste électorale fiable ne souffrant ni d'inclusion des non-Ivoiriens ni d'exclusion des Ivoiriens en âge de voter ;
− Un découpage électoral juste, établi sur des critères identiques pour tous ;
− Pour la Côte d'Ivoire, une politique de communalisation plus audacieuse, plus généreuse et plus moderne et équitable. Il est temps que chaque village soit intégré à une commune.
La lutte continue. Elle est loin d'être terminée !
Et je veux compter sur vous, population du District des Lagunes pour nous aider à atteindre cet objectif.
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Chers camarades du Parti,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais pour l'heure, terminer mon propos en invitant les Ivoiriens à nous rejoindre au MGC, afin qu'ensemble, nous travaillions à transformer la vie politique et citoyenne de notre pays, autour de notre projet.
Je me suis laissé dire que certains parmi vous sont inquiets et même découragés parce que le FPI qui avait levé tellement d'espoir en 1990 dans toute la Côte d'ivoire, n'a pas résisté au cyclone et s'est trouvé brisé en trois morceaux.
Mais je vous dis ceci : « Dieu ouvre toujours un Chemin là où tout semble fermé ! », et ce chemin-là, prenons-le ensemble.
Que Dieu bénisse le District des Lagunes !
Que Dieu bénisse le MGC !
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !
