Les réactions contre le PPA-CI sont très souvent virulentes surtout depuis les événements de l'Assemblée Nationale. Steve Beko réagit.
Les réactions contre le Parti des Peuples Africains – Côte d'Ivoire. En ce qui me concerne, elles ne me gênent pas. Elles témoignent au contraire de la confiance placée en ce parti politique.
Cependant, le fait de voir des visages connus fait oublier à ceux qui sont de bonne foi en tout cas que nous sommes un jeune parti. Nous n'avons même pas encore une année d'existence. Alors il y a des mécanismes à mettre en place. Quand vous déménagez d'une maison à une autre, même quand vous avez déjà tous les meubles, vous ne faites pas la crémaillère le même jour. Il vous faut du temps pour réajuster les meubles dans le nouvel espace.
Nous avons hérité d'une situation catastrophique. Certes les Ivoiriens aiment le président GBAGBO mais leur militantisme n'est plus aussi engagés qu'il l'était il y a quelques années. La violence qui s'est invitée dans le jeu politique a contribué à freiner beaucoup d'ardeur. Dans les tournées, il nous est arrivé de voir des sections où il y a juste une seule personne. Nous avons hérité aussi d'une situation conflictuelle à l'intérieur du FPI qui a eu pour conséquence de décourager beaucoup de militants. Notre travail aujourd'hui, c'est de raviver la flamme militante et structurer le parti. Quand un parti engage un combat, ce sont les militants qui le répercutent sur le terrain. Si ces militants ne sont pas structurés et encadrés, comment faire appliquer les mots d'ordre ? Donc ça demande du temps et de l'énergie. C'est ce à quoi nous nous attelons.
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De surcroît, et cela beaucoup semblent l'oublier, nous ne sommes pas dans une situation politique normale. Certains ont tendance à croire que parce que Laurent GBAGBO est revenu au pays alors la situation politique est normalisée. Non, même si la crise n'est plus ouverte, ses conséquences sont encore visibles. Des nôtres sont encore en prison ou en exil. La normalisation de la situation serait le retour des libertés publiques et individuelles. C'est aussi ce combat que nous menons au péril de nos vies et de notre liberté. Tout le monde sait qu'en Côte d'Ivoire, militer dans un parti d'opposition, c'est marcher sur une corde raide. Vous côtoyez au quotidien une arrestation ou une agression. Donc il faut saluer ceux qui s'engagent ouvertement et qui ne se contentent pas d'être des censeurs ou des commentateurs. Vous croyez que si on est en situation normale, quelqu'un va organiser une fête pour la délivrance de son passeport ordinaire? Non la situation n'est pas normale. Nous nous battons pour la normaliser.
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En quoi consiste ce combat ? C'est d'user de tous les stratagèmes possibles pour ramener le pouvoir sur le terrain de la démocratie et de la politique. Imaginez que pendant des mois, vous préparez votre équipe de football pour un grand tournoi. Vous répétez tout et le jour du match, vous êtes opposés à une équipe de rugby et l'arbitre vient du MMA. Au football, ce qui vaut un carton rouge est une action de grande classe au rugby. Vous avez deux possibilités: soit vous sortez du terrain et vous avez perdu, soit vous essayez de poser le ballon afin de faire jouer au football qui est votre spécialité. Mais pendant que sur le terrain vous prenez des coups et des placages monstrueux, il y a des gens dans le public qui crient que vous ne savez pas jouer. Mais il est clair que vous ne savez pas jouer au rugby. Vous êtes une équipe de football.
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En 2008 par exemple, lorsqu'il y a eu l'augmentation du prix du carburant, le RDR a quasiment appelé à l'insurrection. Il y a eu des grèves monstres des transporteurs. Aujourd'hui, si on appelle à une grève tous les chauffeurs qui vont s'y hasarder vont se faire arrêter et on passera les mois suivants à demander leur libération. Quand on est dans une telle situation anormale, il faut user de ruse pour faire avancer les libertés publiques et individuelles. Il y a quelques temps en arrière, il était impossible pour l'opposition d'organiser des meetings ou même de faire des tournées. Maintenant on y arrive un peu. C'est une avancée obtenue parce que des gens se sont battus.
En guise de conclusion, on peut rester dans les tribunes et crier sur les joueurs du PPA-CI où se demander comment les aider à faire en sorte que le tournoi soit un tournoi de football et non de rugby. Bien sûr, mon message s'adresse à ceux dont les critiques sont de bonne foi.
