Cérémonie d’hommage et de reconnaissance : Faut-il remercier le chef de l’Etat pour des investissements financés par le contribuable ?

Pierre Dimba lors d'une cérémonie d'hommage à Alassane Ouattara le 4 mai 2024 dans la région de l'Agneby-Tiassa © Crédit Photo DR
Pierre Dimba lors d'une cérémonie d'hommage à Alassane Ouattara le 4 mai 2024 dans la région de l'Agneby-Tiassa © Crédit Photo DR

Le 4 mai 2024, la région de l'Agnéby-Tiassa a organisé une cérémonie d'hommage et de reconnaissance à Ouattara. Nazaire Kadia, Analyste politique, se prononce.

La Côte d'Ivoire, un pays aux multiples richesses, semble s'être enfermée dans une spirale de pratiques d'un autre âge. Le 4 mai 2024, la région de l'Agnéby-Tiassa a organisé une cérémonie d'hommage et de reconnaissance au chef de l'Etat pour les investissements réalisés dans la région, ainsi que pour la promotion de certains fils de la région à des postes de responsabilité.

Si ces investissements et nominations sont louables, la question se pose : faut-il remercier le chef de l'Etat pour des actions financées par le contribuable ?

Ce type de cérémonie n'est pas sans rappeler les pratiques sous le président Houphouët-Boigny, où la nomination d'un ministre ou d'un directeur général donnait lieu à des réjouissances dans son village et son département. Cette conception, selon laquelle le développement est lié à la nomination de « fils du terroir » à des postes de responsabilité, est dépassée et rétrograde.

Le développement local : une question de moyens et de décentralisation

Pour un développement local efficace, il est crucial de doter les mairies, les conseils régionaux et les districts de moyens conséquents. Ces instruments de pilotage, mis en place depuis des années, doivent être en mesure de répondre aux besoins des populations dans un esprit d'équité et de décentralisation réelle.

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Remercier le chef de l'Etat pour des investissements financés par les impôts de tous les citoyens revient à exprimer sa reconnaissance à un guichet automatique pour avoir retiré son propre argent. Il est temps de mettre fin à cette mystification du développement « en morceaux choisis » et de reconnaître que le rôle du chef de l'Etat est de servir le peuple, et non l'inverse.

L'heure est venue de séparer l'ivraie du vrai. Le développement local ne doit pas être tributaire de la reconnaissance envers un individu, mais doit reposer sur des politiques publiques claires, transparentes et décentralisées.

Nazaire Kadia, Analyste politique

Written by Nazaire Kadi

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