KKS à propos de Ouattara : « il a su dompter, par tous les moyens, et enfermer son opposition dans le piège »

Message à la Nation le 31 décembre 2021, de Konan Kouadio Siméon (KKS), Président d’Initiatives Pour la Paix (IPP), à l’occasion du nouvel an 2022.

Chers compatriotes,
Nous voici à la fin de cette autre année. Une année qui, il faut en bénir Dieu, aura finalement été relativement calme, contrairement à ce que laissaient présager les suites des graves évènements de l’année 2020 et notamment de l’élection controversée d’octobre 2020 et ses conséquences tragiques. Bien sûr, les politiciens ne manqueront pas de s’en attribuer le mérite et le chef de l’Etat adressant à l’instant ses vœux à la nation vient de le faire avec faste et triomphalisme.

Il est vrai que cette relative accalmie n’est pas sans rapport avec le leadership du chef de l’Etat à qui l’on pourrait décerner sans risque de contestation possible la palme du meilleur élève de Machiavel, lui qui, usant de la philosophie de ce grand maitre de la politique politicienne qui veut que la politique soit l’art de la conquête ou de la conservation du pouvoir d’Etat par tous les moyens y compris les moins catholiques, a su dompter, par les moyens que nous savons tous, soumettre et enfermer son opposition dans le piège de ses propres contradictions et inconséquences, pour en faire aujourd’hui le meilleur allié et le soutien le plus sûr du 3e mandat, objet pourtant de la discorde qui plongea le pays dans l’anarchie et la consternation.
Toutefois, cette accalmie, nous la devons surtout et à la vérité, au peuple de Côte d’Ivoire dont je veux saluer ici la sagesse légendaire et la grande maturité.

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Oui chers compatriotes,
Si malgré le lot quotidien des défis qui nous assaillent de toute part, si malgré l’injustice sociale criarde, si malgré le déni de démocratie, si malgré tout, notre pays est resté calme, nous le devons à la vérité à l’attitude du peuple qui, ayant pris une haute conscience du jeu trouble et macabre de la classe politique toute entière, en a tiré toutes les conséquences en refusant de s’offrir en sacrifice sur l’autel de ses intérêts égoïstes.

Cette haute conscience définitivement aiguisée par les leçons tirées des douloureux évènements de 2020 ayant enregistré 85 morts, plus de 500 blessés et des centaines d’incarcérés, tous abandonnés à leur triste sort dans les morgues et mouroirs de nos hôpitaux et prisons pendant que leurs leaders se partageaient quelques strapontins, cette haute conscience dis-je, est désormais la chance de notre pays.

Oui chers compatriotes,
après une année de recul et d’observation, mon opinion n’a pas changé. Bien au contraire, elle s’est renforcée d’une plus forte conviction au regard du marasme politique actuel et du statut quo bloquant vis-à-vis des questions vitales de la nation comme la réconciliation et la cohésion nationales. En vérité, le problème de la Côte d’Ivoire comme de la quasi-totalité des pays africains est bien plus profond qu’il en a l’air. C’est un problème fondamentalement d’ordre systémique.

Après plus de 60 ans de pratique du système politique qui est le nôtre, ma conviction la plus intime est que le moment est plus que venu d’en questionner la vraie nature. Ce système est-il vraiment démocratique ? si la démocratie est entendue comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, les systèmes qui concentrent la totalité du pouvoir entre les mains d’un seul individu comme c’est le cas en Côte d’Ivoire et dans quasiment tous les pays africains sont-ils démocratiques ?
En termes plus claires, sommes-nous en démocratie en Côte d’Ivoire ?

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Là sont les bonnes questions que requiert la situation de notre pays, questions dont l’examen dépasse largement le cadre quoique respectable d’un conciliabule entre politiciens.
Ce travail de questionnement profond de notre système politique et institutionnel est du ressort et de la responsabilité du peuple dans l’ensemble de ses forces vives et non l’apanage de quelques privilégiés.

C’est pourquoi, tout en saluant le dialogue politique entre le gouvernement et quelques partis politiques et organisations de la société civile, dialogue que j’espère conclura sur la convocation d’un dialogue national, conclusion à défaut de laquelle il n’aura aucun sens et aucun intérêt pour le peuple, j’en appelle une nouvelle fois, comme je le fais sans cesse depuis deux décennies, à la concertation inclusive et au dialogue national pour la refondation de notre système politique et institutionnel à l’effet de restaurer la DEMOCRATIE et adresser convenablement les question vitales qui attendent la nation, questions à la tête desquelles s’inscrit l’indispensable préalable de la réconciliation nationale.

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C’est à cette œuvre de refondation et de restauration de notre DEMOCRATIE que j’invite le peuple souverain de Côte d’ivoire en cette année 2022.

C’est mon appel au seuil de cette nouvelle année et c’est le sens de l’initiative que je viens de prendre à travers l’organisation très prochaine d’un colloque sur la démocratie en Afrique, projet au cœur de mon action en cette nouvelle année et pour lequel je vous reviendrai dans les tout prochains jours. Bonne et heureuse année à toutes et à tous et que Dieu bénisse la Côte d’ivoire.

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