« Quand Amadou Soumahoro piétine les textes de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire établis depuis 1960 »

Lettre ouverte de l'analyste politique Malan Aka, à Amadou Soumahoro, suite à la levée de l'immunité des députés pro-Soro et de Guillaume Soro.

Monsieur le président,

C'est avec beaucoup de stupéfaction que j'ai écouté l'une de vos récentes interventions dans laquelle vous affirmiez ceci : « l'Assemblée Nationale ne peut pas être en adversité avec l'exécutif. Tant que je serai président de l'Assemblée Nationale, il n'y aura plus de divergence de vue entre l'exécutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif ».

Monsieur le président,

Le 08 novembre 2016, le peuple ivoirien a réitéré son vœu de s'attacher aux valeurs démocratiques reconnues à tous les peuples libres en reconduisant le préambule de la loi fondamentale d'août 2000 dans celui de la nouvelle Constitution. Ces valeurs prennent en compte aussi bien la transparence dans la conduite des affaires publiques que la séparation et l'équilibre des pouvoirs.

Monsieur le président,

Il n'est écrit nulle part que l'Assemblée Nationale de Cote d'Ivoire doit être toujours en phase avec l'exécutif. Aucun texte, aucune loi ne prévoit cet impératif que vous mentionnez. Bien au contraire, l'institution que vous dirigez doit être un instrument de contrôle de l'action gouvernementale à travers des moyens d'information et d'investigation.

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Monsieur le président,

Les sont curieux de savoir comment vous pourrez conduire ces contrôles si vous concevez que, quelles que soient les conjonctures au sein de l'exécutif, votre institution ne prendra pas à contre-pied l'action gouvernementale.

Monsieur le président,

Vous vous montrez méprisant vis-à-vis du peuple ivoirien quand vous affirmez par la suite que tant que vous serez à la tête de cette institution, il n'y aura pas de divergence de vue entre le pouvoir exécutif et votre institution. Et pourtant, le peuple de Côte d'Ivoire ne réclame que la clarté dans la gestion du pouvoir d'Etat.
– N'est-ce pas un aveu d'échec dans la confiance que le peuple est censé avoir placé en vous ?
– Ce peuple, que doit-il espérer de vous ?

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Monsieur le président ,

Vos propos sont la preuve que vous piétinez les textes de l'Assemblée Nationale comme le dit l'Opposition Parlementaire. Récemment, dans le cadre d'une information judiciaire auprès du procureur de la République, votre « bureau » au sein de l'institution a statué sur la levée de l'immunité parlementaire de certains députés, sans que vous en ayez les pleins droits. Le bureau de l'Assemblée Nationale étant encore à l'étape de sa constitution, il n'a aucun statut légal pour s'exprimer sur la question.

Monsieur le président,

Ces propos que vous avez tenus mettent à mal la sacralité de la loi fondamentale ivoirienne ; la déification du principe de démocratie établi par le peuple de Côte d'Ivoire depuis 1960 jusqu'à ce jour. Comment fouler aux pieds la séparation des pouvoirs. L'unité de l'exécutif, du législatif et du judiciaire fait planer un danger sur notre pays : celui de l'autocratie ou la monocratie avec un risque oligarchique.

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Monsieur le président,

Parce que le peuple de Côte d'Ivoire croit fermement que l'emprise politique de l'exécutif sur le législatif et le judiciaire peut plonger notre pays dans une grave crise politique ivoirienne : nous réclamons, de vous, des excuses publiques.

Written by Malan Aka

SaidPenda

Le prélat catholique ivoirien a t-il toujours été partisan en politique ?

Macky Sall, parrain d’honneur du FEMUA 2020