Rébellion de Soro : peut-on la comparer à celles du Sanwi, des Attié, des Abbey ou de Kragbé Gnagbé ?

Mamadou Traoré passe en revue « les six grandes rébellions » de la Côte d'Ivoire. Selon lui la rébellion de Guillaume Soro n'est pas différente des autres.

A tous ceux qui veulent salir et exclure de la compétition électorale d'octobre 2020 parce que selon eux, il aurait été rebelle et qu'il aurait eu les mains souillées de sang, qu'ils me permettent de leur rappeler que les premières rébellions en Cote d'Ivoire ne sont pas nées avec lui.

En effet, avant lui, la Côte d'Ivoire a connu six grandes rébellions dont deux qui se sont même transformées en sécessions. La rébellion étant une contestation par les armes de l'autorité politique en place.

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La première rébellion que notre pays a connue est celle des abbey et des attié en janvier 1910 contre le pouvoir colonial pour protester contre la voie ferrée qui traversait leur région. Cette rébellion des abbey et des attié a provoqué plusieurs morts. On parle de 500 à 600 morts dont de nombreux sénégalais et dioula, travailleurs du chemin de fer, attaqués par les rebelles, égorgés et mutilés avec une férocité inouïe, selon le rapport du gouverneur général de L'AOF, William Ponty. C'est sans compter les milliers de blessés et biens détruits. De nos jours les Abbey et les Attie utilisent cette rébellion de leurs anciens contre le colonisateur pour en faire un objet de fierté quoiqu'ils aient perdu la bataille face aux colons.

La seconde rébellion que notre pays a connue fût la rébellion du sanwi (, Ayamé, Assinie-Mafia, Maferé, Tiapoum, Adiaké) qui a eu lieu le 3 mai 1959 sous la houlette de leur roi de l'époque.
A cette époque, le Sanwi a refusé de faire partie de la République de Côte d'Ivoire et de se soumettre à l'autorité de Félix Houphouet Boigny.

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Pour protester contre son rattachement à la Cote d'Ivoire sous l'autorité d'Houphouet Boigny, le royaume du sanwi s'est constitué en « République autonome du Sanwi. » Cette rébellion s'est donc transformée en sécession avec ses nombreux morts et blessés. Rébellion qu'Houphouet Boigny a matée.

Les rebelles agni du sanwi ont dû trouver refuge au chez Kwame Nkruma. C'est d'ailleurs ce qui a rendu les relations entre Houphouet et Nkruma difficiles car il considérait que ce dernier faisait de son pays le Ghana la base arrière des rebelles agni. De nos jours, les agni du Sanwi utilisent cette rébellion et cette sécession engagées par leurs anciens contre Houphouet pour en faire un objet de fierté quoiqu'ils aient perdu la bataille avec Houphouet.

La troisième rébellion que la Côte d'Ivoire a connue fût celle de 1970 avec Kragbé Gnagbé.
Pour protester contre le refus d'Houphouet Boigny de reconnaître son parti politique le PANA (Parti National Africain). Kragbé Gnagbé , d'ethnie bété, a fait une rébellion muée en sécession. Il proclama la « République d'Eburnie » et prit la ville de Gagnoa comme sa capitale. Cette rébellion composée de rebelles Bété issus du Canton guébié fut matée par Houphouët.
On parle de 4000 morts pour évaluer le nombre de personnes tombées lors de l'offensive des Forces armées nationales contre la rébellion de Kragbé Gnagbé. C'est sans compter le nombre de blessés et de population déplacées.
Aujourd'hui, les Bété de Gagnoa et même ont utilisé cette rébellion-sécession de Kragbé Gnagbé contre Houphouët pour l'attaquer et en faire un objet de fierté quoi qu'ils aient perdu cette bataille face à Houphouët.

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En Décembre 1999, la Cote d'Ivoire connu sa quatrième rébellion contre l'autorité de l'Etat à travers un coup d'État.
Coup d'État salué par les Présidents du FPI, Laurent Gbagbo et du RDR, . Ces derniers ont même collaboré activement avec les putschistes.
Si donc, on leur a permis d'être candidats malgré leur part active dans cette rébellion contre l'autorité de l'État muée en coup d'État, pourquoi pas Guillaume Soro qui a suivi leur exemple en engageant une cinquième rébellion en Septembre 2002? Cette rébellion encouragée et soutenue par les Houphouetistes.

N'oublions pas la sixième, la dernière rébellion née en décembre 2010. Rébellion menée par Laurent Gbagbo et ses lieutenants contre le pouvoir élu et légitime de Ouattara. En effet, en décembre 2010, les rebelles c'étaient ceux qui refusaient de se plier à l'autorité du Président élu.
Pour cela, ils ont engagé des hostilités avec les forces loyalistes baptisées Forces Républicaines de Côte d'Ivoire. Ils ont été matés et leur chef rebelle a été capturé.

Dois-je leur rappeler que le général De Gaulle fut un rebelle contre le pouvoir de Pétain ? Sa rébellion a provoqué des morts.
Dois-je leur rappeler que Nelson Mandela fut un rebelle contre l'apartheid ? Sa rébellion a provoqué des morts.
Dois-je leur rappeler que Jerry Rowling fut un rebelle contre les pouvoir des Présidents Fred Akuffo et Limann? Sa rébellion a provoqué des morts.

Dois-je leur rappeler que Thomas Sankara fut un rebelle contre le pouvoir de Jean-Baptiste Ouedraogo? Sa rebellion a provoqué des morts.
Dois je leur rappeler que Paul Kagame, dont le pays est tenu en exemple par nos autorités, fut un rebelle ? La rébellion de Kagame a provoqué le fameux génocide Rwandais.

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Et vous constaterez que tous ces rebelles ont marqué positivement l'histoire de leur pays.
Il en sera de même pour Guillaume Soro.

Tous ceux qui lui lancent la pierre aujourd'hui parce qu'il fut un rebelle, doivent commencer par ne plus prendre en exemple De Gaulle, Mandela,Rowling, Sankara et Kagame.
Car sous leur rébellion il y a eu des milliers de morts et des milliers de blessés.
Si malgré cela ,ceux là sont célébrés aujourd'hui comme des héros,qu'ils commencent par célébrer dès aujourd'hui le héros-rebelle Guillaume Soro qui révolutionnera la vie politique et sociale ivoirienne dans les années à venir.

Guillaume Soro est un rebelle à l'instar de De Gaulle, de Nelson Mandela, de Thomas Sankara, de Paul Kagame.
Il est également un héros des temps modernes.
Et tous les héros de ce monde qui ont conduit des batailles ont tous eu du sang sur les mains.
Condamner donc Guillaume Soro parce qu'il fut un rebelle c'est refuser de prendre comme exemple ces rebelles que j'ai cité plus haut.

Written by Mamadou Traoré

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