« Voilà le contexte dans lequel on ira à la présidentielle d’octobre 2020, dans la négation absolue »

Nous n'avons strictement tiré aucune espèce de leçon de ce qui nous est arrivé en 2011. Bain de sang ne saurait mentir … Tel se demande Assalé Tiemoko.

Cela s'appelle sur l'affaire des réseaux sociaux, ceci est ma dernière publication. Car, au final, je crois avoir atteint mon objectif. Susciter le débat, créer la polémique pour voir si nous avions tiré un peu de leçon de ce qui est arrivé au pays de 1999 à 2011. Le constat est clair. Nous n'avons strictement tiré aucune espèce de leçon de ce qui nous est arrivé. Bain de sang ne saurait mentir …

Hier nuit, j'ai fait une publication sous le titre « Ces grands défenseurs des libertés publiques ». Dans celle-ci, j'ai énuméré des violations massives des libertés publiques (liberté d'expression, liberté d'information, liberté de presse), caporalisation monstrueuse des médias d'Etat, suspension des radios et télévisions internationales, coupure des SMS pendant la période de novembre 2010 à avril 2011.

LIRE AUSSI : « Pour avoir refusé de m'associer au projet de confiscation du pouvoir d'Etat, Ouattara m'a demandé de renoncer à mes fonctions de PAN »

À la suite de cette énumération, j'ai demandé aux néo-defenseurs des libertés publiques, de me montrer des publications témoignant des condamnations qu'ils ont faites de ces violations massives des libertés publiques, dans le passé.

Malheureusement, il ne m'a été produit, jusqu'à cet instant, aucune preuve d'une petite condamnation après la coupure des SMS, la coupure des signaux des télés et radios internationales, les fermetures et autres destructions des journaux. Ce à quoi j'ai eu droit, c'est une fuite en avant et une grande gêne qu'ils ont tenté de noyer sous des pirouettes. Mais et c'est cela qui est satisfaisant, je n'ai vu aucun nier vraiment ces violations.

En lieu et place des condamnations, on m'a répondu que ces restrictions des libertés ont été commises dans un contexte de crise et que, c'était pour mettre fin à la désinformation qui pouvait embraser le pays, que le régime Gbagbo avait pris des « mesures conservatoires » (sic), pour préserver le pays et des vies. J'en déduis donc que, en période de crise, pour mettre fin à la diffusion de fausses nouvelles qui pourraient détruire un pays, le pouvoir peut restreindre certaines libertés pour sauver le pays et des vies humaines.

LIRE AUSSI : Billy Billy à Soro et Ouattara : « Un seul tir de fusil pourrait nous faire reculer de plusieurs années »

Ne peut-on pas, au regard de ce raisonnement somme toute pertinent, se poser une question ?
Devant des indices graves, des informations malveillantes diffusées dans un but précis et qui pourraient se multiplier dans une période sensible et de passion exacerbée comme une élection présidentielle ivoirienne, de sorte que si rien n'est fait, elles pourraient provoquer une crise grave et compromettre la paix et la tranquillité de populations innocentes, par principe de précaution, ne pourrait-on pas restreindre certaines libertés pendant cette période ? Histoire de prévenir une crise et sauver des vies ?

Je pose cette question et j'espère que des gens de bonne foi, qui condamnent les violations des libertés en tout temps et non pas seulement quand la roue a tourné et que les plus forts d'un moment ont perdu leur force pour être sous la force de nouveaux plus forts d'un moment, approfondiront la réflexion et l'interrogation.

LIRE AUSSI : Les chefs de villages de Fresco apportent leur soutien à Ouattara et lâchent leur fils Alain Lobognon

Je ne suis pas pour la restriction d'une quelconque liberté et je ne veux pas, je n'ai pas demandé qu'Internet et les réseaux sociaux soient coupés. Mon propos a été lâchement sorti de son contexte pour servir une cause que j'ignore. Je défends les libertés en tout temps et mon engagement citoyen est connu dans pays. Les gens de bonne foi, même cela est devenu une denrée rare de nos jours, peuvent en témoigner. Sous le régime actuel, je suis monté au créneau pour condamner des violations de libertés commises à l'encontre de certains pro-Gbagbo et j'ai défendu avec ma plume, avec mon journal, avec mes ressources, des pro-Gbagbo. Les preuves de cet engagement à leurs côtés sont disponibles tant sur Internet que dans les colonnes de mon journal.

Je sais que la folie, de nouveau est en train de s'emparer de nous et que ce qui compte, ce n'est pas de chercher à comprendre le sens profond d'une réflexion, ce qui compte, ce n'est plus la recherche de la vérité, d'un débat serein dans l'intérêt du pays.
Ce qui compte aujourd'hui c'est de chercher à humilier l'interlocuteur, d'attaquer toutes les réflexions dès l'instant où on soupçonne, sans preuve, son auteur de rouler pour le pouvoir ou pour l'opposition. Le ciel est bleu ? Euuh, ça dépend de qui le dit. Le mois de janvier a 31 jours ? Eeeuh, ça depend de qui le dit. Tiassalé se trouve à 120 km au nord d' ? Euuuh, il faut regarder d'abord le nom de qui le dit.

LIRE AUSSI : Quand Wattao exhibait son pistolet en or volé à Gbagbo à la télé française

Voilà le contexte dans lequel on ira à l'élection présidentielle d'octobre 2020. Dans la négation absolue des tords mutuels qui ont été commis. Personne n'a aucune responsabilité dans le drame terrible que nous avons vécu. Sous et par nos acclamations, par notre ignorance, par notre incapacité à défendre, en rangs serrés notre droit à la vie, à la tranquillité et au bonheur en tant que peuple immature au nom de qui et contre qui toutes les alliances et compromissions ont été tricotées et détricotées dans ce pays, on a encore toutes les chances d'avoir sur la ligne de départ, exactement les mêmes acteurs de la crise de 2011.
Je me demande pourquoi dans les mêmes conditions et avec ces mêmes acteurs et leurs légions de fanatiques prêts à se bouffer, les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets.

Les mêmes effets que nos têtes, notre cœur et nos yeux plongés dans nos passions, notre fanatisme et dans le sable gorgé du sang des victimes de 2011, refusent de voir.
Demain nous rendra justice … Peut-être.

Written by Assalé Tiemoko

CPI : les avocats du régime d’Abidjan s’opposent à nouveau à la liberté sans condition de Gbagbo

Ouattara va t-il s’opposer au retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire ? Une requête déjà adressée à la CPI