Covid-19 en Côte d’Ivoire : « sommes-nous prêts à accepter les sacrifices nécessaires pour contrer ce virus » ?

Tandis que les cas de contaminés au Covid-19 augmentent en Côte d'Ivoire, les Ivoiriens ne semblent rien vouloir sacrifier pour contrer ce virus.

Nous sommes vraiment un peuple étrange. Il y a quelques jours, je publiais une réflexion ayant pour titre : « et si on arrêtait de vivre » ?
Étrangement, cette publication ironique et satirique, avait entraîné un déchaînement d'attaques.

En réalité, beaucoup n'ont absolument rien compris au sens de ma publication. « Et si on arrêtait de vivre » ? Le sens était, est-ce que nous sommes prêts, indisciplinés comme nous sommes, suspicieux comme nous sommes envers nos autorités, à accepter, individuellement ou collectivement, les sacrifices nécessaires pour contrer ce virus ?

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Déjà, devant des mesures que j'ai prises à , fermeture d'une boulangerie pour cause d'insalubrité aggravée, fermeture des maquis en mesure complémentaire de celle du gouvernement liée aux boîtes de nuit, certains m'accusent de prendre des mesures trop radicales qui vont arrêter la vie dans la commune.

Or il faut, en quelque sorte, arrêter de vivre pour accepter ce genre de mesures.

Avons nous compris le sens de ce qui s'est passé à l' ?

La vérité est que, au-delà de tout le bricolage et autres approximations ou amateurisme en gestion de crise active qu'on peut dénoncer, personne n'est prêt à accepter, dans son propre pays, d'être confiné dans un bâtiment qui n'est pas sa maison. C'est cela le vrai problème.

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Tout le reste n'est que fuite en avant. Les gens ne peuvent accepter le que si on les traite comme dans un hôtel de cinq étoiles. Ceux qui pensent avoir les moyens de vivre même en confinement, difficilement, accepteront d'être confinés ailleurs. Voilà la vérité.

Et cela, d'autant plus que les mesures annoncées n'ont pas une véritable force juridique comme celle d'une loi, d'un décret ou d'une ordonnance prise par le Chef de l'Etat.

En , les lois sont en train d'être aménagées pour permettre aux maires de prendre certaines mesures pour gérer des situations précises comme l'organisation de la vente dans les marchés.

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Pour exemple, à Tiassalé, les jeudis, les gens viennent de partout, y compris d', pour vendre des marchandises diverses. C'est le plus grand jour de marché de cette commune et les vendeurs arrivent de partout.

J'ai échangé avec le préfet cet après midi [18 mars 2020] sur le sujet parce que je veux interdire le marché du jeudi et n'ouvrir le marché, ce jour, que pour uniquement les personnes qui vendent de la nourriture et qui vivent dans la commune. Est-ce que je peux faire ça pour protéger ma population sans qu'il n'y ait la réaction de la tutelle ? Sans qu'on ne m'attaque de partout et qu'on m'accuse de vouloir arrêter la vie dans la commune ? Voilà la réalité.

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En , des villes entières, peuplées de 5 à 12 millions d'habitants, ont été entièrement bouclées, ni entrées, ni sorties, sans qu'on assiste à la moindre manifestation de colère, à la moindre panique. Disciplinés comme ils sont, les Chinois ont accepté ces mesures inédites. Résultat, la Chine a enrayé la spirale de contamination et se paye même le luxe aujourd'hui, d'aller en aide aux pays européens.

À la fin de cette maladie, si nous sommes encore vivants, on fera le débat de savoir si les régimes autoritaires, avec des peuples disciplinés, sont mieux préparés à faire face à ce genre de pandémies que les régimes démocratiques avec des peuples grognons, indisciplinés, bavards, improductifs, qui contestent tout.

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Je l'ai écrit ce matin. Le confinement total des zones contaminées semble être la solution la plus efficace contre le virus.

Alors, et si on arrêtait de vivre en acceptant, devant le nombre de cas confirmés qui commence à prendre l'ascenseur, le bouclage total de la ville d'Abidjan, pour éviter que le virus ne se retrouve dans nos villes de l'intérieur et dans nos villages à partir de ce week-end ?

Nous sommes en « guerre » messieurs.

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Written by Assalé Tiemoko

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