Hommage au chef de l’Etat : « Merci pour les routes bitumées » : quand les Ivoiriens, mendiants du développement

Cérémonie d'hommage à Alassane Ouattara le 4 mai 2024 dans la région de l'Agneby-Tiassa
Cérémonie d'hommage à Alassane Ouattara le 4 mai 2024 dans la région de l'Agneby-Tiassa © Crédit Photo DR

Nazaire Kadia, analyste politique, s’interroge sur les cérémonies d’hommage et de reconnaissance au chef de l’Etat organisées par les populations.

Ces cérémonies, qui se multiplient à travers le pays, sont-elles l’expression d’une réelle gratitude pour les investissements réalisés par le chef de l’Etat ou s’agit-il plutôt d’une manipulation politique visant à obtenir de nouvelles faveurs ?

Nazaire Kadia rappelle que ces pratiques étaient déjà courantes du temps du président Houphouët-Boigny. La nomination d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire donnait lieu à des réjouissances dans son village et dans son département, car ces personnalités étaient considérées comme des catalyseurs du développement.

Aujourd’hui, encore, les populations sont promptes à remercier le chef de l’Etat pour le bitumage de quelques rues ou la construction d’infrastructures, même si ces investissements ont été réalisés avec l’argent du contribuable.

Une pression sur les élus

Cette attitude met une pression considérable sur les élus locaux, qui se sentent obligés de montrer patte blanche au chef de l’Etat et de prouver que leurs populations sont toutes acquises à sa cause.

Nazaire Kadia estime qu’il est temps d’en finir avec ces pratiques « infantilisantes ». Il rappelle que des instruments de pilotage du développement local existent depuis des années : les mairies, les conseils régionaux et les districts.

Il s’agit de pourvoir ces instruments de moyens conséquents pour qu’ils puissent répondre efficacement aux sollicitations des populations, dans un esprit d’équité et de décentralisation.

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Pour l’analyste politique, il n’est pas nécessaire d’être reconnaissant à qui que ce soit pour des investissements issus des impôts de tout le monde.

« Le faire, équivaudrait à exprimer sa reconnaissance au guichet automatique d’une banque pour avoir sorti votre propre argent », écrit-il.

Nazare Kadia appelle à une prise de conscience des populations et à une rupture avec ces pratiques d’un autre âge. Il est temps de mettre l’accent sur le développement local et de responsabiliser les élus locaux.

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Written by Christian Binaté

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