Lettre ouverte de Jean Yves Esso Essis, membre du bureau politique du PDCI-RDA, à Allassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire.
Excellence Monsieur le Président,
C'est avec grand intérêt que j'ai écouté votre discours ce dimanche 2 février 2020 lors de votre cérémonie d'échanges de vœux avec les membres du RHDP au Palais des Sports de Treichville.
J'ai été étonné lorsque je vous ai entendu dire, et je cite :
« Ils attendent que le président Ouattara décide s'il sera candidat avant qu'ils présentent leur candidat, alors moi aussi j'attends de voir leur candidat (…) ».
Excellence Monsieur le Président,
Le PDCI-RDA est un parti bien structuré. Nous ne vous avons pas attendu pour fixer la date de notre convention qui désignera notre candidat. Cette date est, depuis notre dernier bureau politique du 19 décembre 2019, connue de tous.
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Tout ce que nous attendons de vous, c'est que vous fassiez rapidement ce que vous avez de mieux à faire pour garantir la transparence du scrutin et ainsi donc garantir l'assurance d'une élection apaisée, c'est-à-dire, respecter la mise en place de trois petites choses très simples :
1. mise en place d'une vraie CEI équilibrée et indépendante.
2. Mise en place d'un code électoral revisité par l'ensemble des parties prenantes au processus électoral.
3. Mise en place d'un redécoupage électoral respectant les critères démocratiques les plus élémentaires.
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Vous pourrez faire tous vos tripatouillages déguisés en ajustements techniques sur notre loi fondamentale qu'est la Constitution, en y rajoutant toutes les nouvelles conditionnalités que vous souhaiterez ( cautionnement exorbitant, parrainage d'élus …) pour vous assurer que votre candidat soit le plus avantagé possible dans cette course à la magistrature suprême … Vous trouverez toujours le PDCI-RDA sur votre chemin, et même devant vous.
Nous sommes prêts et bien structurés, forts d'une ancienneté de 74 ans.
Nous n'attendons aucunement le choix de votre candidat que nous connaissons déjà malgré toutes les gesticulations de votre entourage … Une main, aussi large soit-elle, ne peut cacher le soleil.
Si au RHDP, comme il nous est amené de le constater, vous êtes le Dieu tout puissant, seul à tout décider, ce n'est pas du tout la même chose chez nous au sein du PDCI-RDA d'Houphouët-Boigny qui est le second parti le plus ancien du continent africain, après l'ANC de Nelson Mandela.
Nous avons un mode de fonctionnement démocratique qui désigne notre candidat aux présidentielles.
Excellence Monsieur le Président,
J'ai été également étonné lorsque je vous ai entendu nous sortir une nouvelle onomatopée très originale mais pour le moins étrange venant d'un président de la République, et je cite :
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« Je ne parle pas au hasard. Quand j'ai dit que la Constitution sera retouchée conformément à la Constitution elle-même, ils ont peur et disent … pkèfin pkèfin ».
Nous ne disons pas « pkèfin pkèfin », Excellence Monsieur le Président.
Notre président Aimé Henri Konan Bédié nous abreuvant, à chacune de ses sorties médiatiques, de mots aussi enrichissants les uns que les autres et très précis dans leur signification, j'avoue que nous ne sommes pas habitués à tant de désinvolture présidentielle inappropriée.
Le président Bédié a ce quelque chose de délicieusement désinvolte mélangé à de la classe qui ne se rencontre que chez les êtres divins. Mon imagination n'a rien à lui prêter qu'il n'ait déjà. Prenez en de la graine …
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Excellence Monsieur le Président,
Ce petit billet matinal prend fin.
Sachez que ma plume restera prête pour recadrer tous les écarts de langage identifiés dans votre camp durant cette année électorale qui a débuté il y a maintenant un peu plus d'un mois.
En espérant que cette énième lettre ouverte ne sera pas celle qui aura le plus irrité votre courroux, je vous prie d'agréer, Excellence Monsieur le Président, l'assurance de ma très haute considération.
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