« les Ivoiriens n’en peuvent plus parce qu’ils vivent au 21è siècle, dans un cadre institutionnel du 20è siècle » (Innocent Gnelbin)

Innocent Gnelbin, président de Force aux peuples

Ivoiresoir.net vous propose l'interview d', président de Force aux peuples (FAP), dernier né des  partis politiques en Côte d'Ivoire.

Monsieur le président Hlyh Innocent Gnelbin, vous avez effectué le lancement de votre Formation politique. Qu'est-ce qu'on peut retenir ?

Avant tout propos, j'aimerais d'abord vous remercier pour l'occasion que vous m'accordé de m'exprimer au travers de votre si brillant site d'information. Votre belle progression dans le milieu de la presse africaine, montre si besoin est, la qualité des personnes qui l'animent, et laisse à penser que notre Pays a encore des ressources nécessaires pour produire un capital humain de qualité.

Mes remerciements vont aussi à l'endroit de tous les Partis politiques et de toutes les organisations de la société civile qui ont honoré notre cérémonie de leur présence. Cela dit, la cérémonie de lancement du Parti Politique, Force aux Peuples, au-delà de la volonté de faire savoir l'existence du Parti, nous a permis de communiquer sur les vrais défis de notre société qui sont, l'Etat de Droit, la bonne gouvernance, la Nation, l'équité et le bien-être partagé. A cet effet, au risque de stagner, il est donc impératif pour notre société de trouver les ressorts et ressources nécessaires pour relever ces défis.

Maintenant que Force aux Peuples est lancé quelles sont les perceptives ?

Innocent Gnelbin, président de FAP

Dans l'urgence nous devons procéder à l'implantation progressive de notre parti sur toute l'étendue du territoire ivoirien et à l'extérieur du Pays. Pour l'instant, c'est notre priorité.  Il y'a tant à faire, c'est pourquoi, nous déroulons et déroulerons selon un schéma de priorisation progressive et contextuel. Nous aurons d'ici Mars 2019 le début de nos trimestriels, qui nous permettrons de décliner, devant la presse et un parterre d'invités, notre programme sur les thématiques essentielles de notre société.

Récemment le Président Bédié  a accordé une interview à 24 ; il a lancé un appel à une coalition pour la réconciliation et la paix. Force aux Peuples, qui prône l'unité nationale se sent il concerné ?

S'il est vrai que les alliances se font et se défont, il n'en demeure pas moins qu'elles doivent tenir compte de certains enjeux sociétaux de la période, sans la résolution desquels notre nation en souffrirait durablement. C'est pourquoi, il convient de prendre soin de regarder le contenu de cette plate-forme avant de nous prononcer. Il faut bien que ce Pays arrête de tourner en rond et qu'enfin une de ses nombreuses alliances finissent par produire le bien-être partagé.

Le président Gbagbo devrait obtenir selon plusieurs spécialistes la liberté provisoire. Votre réaction !

Ce serait une libération à saluer parce qu'il est inconcevable qu'un fils de ce Pays soit enfermé dans les geôles d'une prison étrangère  quelque soit son bord politique . A fortiori un ancien Président élu. Nous souhaitons vivement la liberté pour le Président et pour Charles Blé Goudé, le Président du .

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Notre Pays doit se donner les moyens pour rendre sa justice crédible et capable de réconcilier ses enfants avec elle. Nous devons bâtir au-delà de nos différences le crédit et le respect de notre Pays en protégeant soigneusement notre dignité. Arrêtons de nous donner en spectacle à l'extérieur de nos frontières, cela ne nous honore aucunement.

Force aux Peuples Parti de Gauche, FPI Parti de gauche ; avez-vous une alliance en vue ? tenant compte surtout de la présence et de l'appel à vous lancer par le FPI au cours de la cérémonie de lancement de votre Parti ?

Nous remercions encore une fois la haute direction du FPI, qui a bien voulu être des nôtres le 8 décembre dernier. La gauche est un terme large qui regroupe les forces qui privilégient l'équité dans la répartition et la redistribution des richesses nationales, mettent au centre de la gouvernance et de l'action politique la pratique de la justice sociale. Que des forces de gauche se mettent ensemble, quoi de plus normal. Seulement, il convient de définir les contours de ces alliances qui ne peuvent et ne doivent s'éloigner de la nécessaire transformation profonde de notre société pour le bien-être partagé. Toute alliance ne tenant pas compte de cette donne, fut-elle une alliance des partis de gauche, est une alliance de trop, vouée à l'échec, dans laquelle Force aux Peuples ne saurait s'inscrire.  

Le PCRCI d'Achy Ekissi, le d'Anaky Kobenan et le RPCI de Bamba Moriferé étaient aussi présents à vos côtés. Pourquoi particulièrement ces Partis politiquent ?

Juste parce que ce sont ces partis qui, sur une vingtaine de partis politiques invités, ont bien voulu répondre à notre invitation.

Avez-vous invité le PDCI et le  ?

Oui nous les avons invités, le PDCI s'est excusé.

Vous êtes l'un des rares leaders étudiants depuis les années 90 qui dirigent une formation Politique et qui décide de faire rupture selon vos idées avec l'ordre ancien. Pourtant votre génération semble avoir choisi de suivre les leaders des Partis traditionnels. Êtes-vous sur le bon chemin ?

Nous laissons la réponse à cette question à l'appréciation des peuples de Côte d'Ivoire qui jugeront nos actions et pratiques politiques.Vous savez, être militant d'un parti vieux comme l'histoire de notre Pays, n'est pas le véritable problème. Mais ne pas oser relever les défis de son époque, n'est pas judicieux. Notre parti Force aux Peuples ne raisonne pas en termes d'une quelconque alternance générationnelle, dans la mesure où les aspirations profondes des peuples de Côte d'Ivoire ainsi que les défis à relever sur le plan du développement économique et social transcendent la question d'une simple alternance générationnelle. Au demeurant, la faillite d'un système est un problème sociétal qui, s'il n'est pas résolu, peut détruire durablement une nation.

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Que pensez-vous justement de l'unafesci et du 2a fesci dirigé par vos ex- camarades du syndicat étudiant ?

Aucun commentaire.

Pourquoi ? ne pensez-vous pas que l'opinion a le droit de s'interroger sur une nouvelle opposition de ces leaders après les épisodes des machettes et de la rébellion ?

Bon… Une amicale dans son essence est toujours la bienvenue. Une amicale dont la ligne et les objectifs sont clairement définis, est encore meilleure.Le problème tient moins de la création d'amicales aux lignes différentes, qu'à l'acceptation de l'expression de ces lignes dans un cadre démocratique et républicain.Pour ce faire, je ne doute pas de la maturité des uns et des autres. Je pense que notre génération n'a pas encore bien compris le rôle historique qu'elle peut jouer. Mais je reste optimiste sur notre capacité à rectifier cela rapidement.

Monsieur Hlyh Innocent Gnelbin, l'actualité sociale est tendue. Grève dans les secteurs de santé, de l'éducation et de formation, et ce, malgré la trêve sociale. Pensez-vous qu'on en sortira un jour ?

On en sortira soyez-en rassuré. pensez -vous objectivement que face au ras-le-bol grandissant des populations de ce Pays, notre histoire pourra s'accommoder avec les petits arrangements de textes ? Non et non !Un Pays construit sa grandeur en faisant une mue continuelle, et la Côte d'Ivoire ne devrait pas faire exception. Notre Pays vie de petites reformes de lois qui n'ont pas varié dans le fond, malgré les 1ère, 2ème et 3ème Républiques. Le Pays ne s'est pas adapté aux mutations économiques, politiques et sociales. Nos peuples n'en peuvent plus parce qu'ils vivent au 21ème siècle dans un cadre institutionnel et règlementaire du 20ème siècle.

Tout est à repenser, du statut général de la fonction publique, à la politique salariale, en passant par le système de protection sociale et éducatif. Toutes ces reformes auront certes un coût financier important, nous le savons, mais elles auront au moins le mérite de faire progresser notre pays, tout en lui permettant en retour d'en récolter les dividendes. Nous aurons le temps de revenir sur cette question à travers les propositions qui sortiront de nos trimestrielles de Mars 2019.

La reprise des élections dans plusieurs localités a donné encore lieu à des violences. Pensez-vous que cette CEI est en capacité d'organiser les élections sans nous installer dans une nouvelle guerre ?

Il serait convenable de doter la Côte d'Ivoire d'une commission électorale indépendante de l'exécutif et des partis politiques en compétition pour établir un cadre démocratique pour l'expression de la souveraineté des Peuples. Cela est une exigence démocratique et de paix. Notre Pays peut et doit faire l'économie d'une autre guerre.

Un parti politique aspire au pouvoir, Force aux Peuples aura-t-il un candidat en 2020 ?

Nous voulons bâtir une République moderne et démocratique et cela passe par un travail de construction. Mais pour 2020, le parti aura certainement son mot à dire. Je vous remercie !


Written by Elvire Ahonon

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