2025 : Steve Beko révèle les options du PPA-CI « si Gbagbo n’est pas candidat »

Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville
Laurent Gbagbo lors d'un meeting, le 6 avril 2024 à Agboville © Crédit Photo Service Communication PPA-CI

Laurent Gbagbo désigné candidat du PPA-CI à l'élection présidentielle de 2025 n'est pas sur la liste électorale. Steve Beko révèle les options s'il n'est pas candidat ».

𝐒𝐈 𝐆𝐁𝐀𝐆𝐁𝐎 𝐍'𝐄𝐒𝐓 𝐏𝐀𝐒 𝐂𝐀𝐍𝐃𝐈𝐃𝐀𝐓, 𝐕𝐎𝐈𝐂𝐈 𝐍𝐎𝐒 𝐎𝐏𝐓𝐈𝐎𝐍𝐒
C'est un secret de polichinelle : Laurent Gbagbo que le vient de désigner comme son candidat à l'élection présidentielle de 2025 n'est pas sur la liste électorale du fait de sa condamnation à 20 ans de prison et à une privation de droits civiques pour le supposé braquage de la BCEAO. Évoquons ensemble certaines incongruités de cette affaire.

𝐋𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐈𝐍𝐆 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐍𝐃𝐀𝐌𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍
Laurent Gbagbo a été condamné en janvier 2018. La condamnation est devenue définitive en novembre 2019. Mais il faut noter que le 19 janvier 2019, la CPI venait de l'acquitter pour les faits allégués de crimes contre l'humanité. Le braquage de la BCEAO aurait eu lieu début 2011 mais c'est quand même curieux qu'on ait attendu 7 ans avant de faire le procès. En effet, le pouvoir s'est précipité pour organiser ce simulacre de procès dès lors qu'il a été admis que serait innocenté par la CPI. Qui peut croire en cette coïncidence de l'agenda ?

𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐍𝐃𝐀𝐌𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐄𝐍 𝐄𝐋𝐋𝐄-𝐌𝐄𝐌𝐄
Quatre personnes étaient jugées lors de cette affaire : Koné Katinan comme l'auteur de l'infraction ; Désiré Dallo, Aké Ngbo et Laurent Gbagbo comme les complices. Aussi curieux que cela puisse paraitre Désiré Dallo et Aké Ngbo qui étaient présents au procès sont rentrés chez eux après la condamnation puisque le juge n'a pas émis de mandat de dépôt. Mais des mandats d'arrêts internationaux ont été lancé contre Laurent Gbagbo et Koné Katinan. C'est encore bizarre non ?

Mais plus grave le 6 octobre 2018, Alassane Ouattara a pris l'ordonnance n°2018-669 portant amnistie. Cette amnistie a bénéficié à Desiré Dallo, Ake Ngo et Koné Katinan mais pas à Laurent Gbagbo. Ça veut dire que, Koné Katinan, le coupable a été amnistié mais pas Laurent Gbagbo le supposé complice.
C'est d'ailleurs une autre sorcellerie juridique du pouvoir Ouattara. Tous les juristes admettent qu'on peut gracier des individus mais on amnistie des faits. C'est-à-dire que dès lors qu'on prend une loi d'amnistie, elle efface les infractions en question et pour tout le monde. On ne peut pas faire d'amnistie ciblée. C'est une bêtise juridique. D'ailleurs, l'amnistie relève du parlement et la grâce du président mais ça, c'est une autre curiosité juridique de ce régime.

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Le pouvoir a argué que Laurent Gbagbo, détenu à la CPI où il l'a lui-même conduit ne s'est pas présenté au procès à Abidjan d'où sa condamnation « par défaut ». Ne riez pas ! C'est leur argument principal que vous venez de lire. Par quel procédé Gbagbo aurait-il pu se présenter à ce procès ?
Quand monsieur Kuibert, magistrat de formation prétendait qu'un commissaire de justice s'était rendu à l'ancien domicile du président afin de lui signifier cette décision de justice alors qu'il est de « notoriété publique » que celui-ci a été déporté à la CPI, cela ne lui pose aucun problème ?

𝐃𝐄𝐒 𝐄𝐅𝐅𝐄𝐓𝐒 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐍𝐃𝐀𝐌𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍
En conséquence de cette condamnation, Laurent Gbagbo est privé de ses droits civiques. Ce sont notamment, le droit de vote, le droit d'être candidat à une élection, le droit de diriger une association, etc.

En effet, la loi de 1993 relative aux partis et groupements politiques dispose en son article 8 que : « les membres fondateurs et dirigeants des partis et groupements politiques doivent être de nationalité ivoirienne et jouir de leurs droits civiques et politiques ».

Dès lors, on est en droit de se demander pourquoi le pouvoir a reconnu officiellement le PPA-CI comme un parti politique et lui a délivré les documents relatifs à ce sujet ? Parce que, Laurent Gbagbo désigné comme président de ce parti lors de son congrès constitutif ne jouit pas de ses droits civiques et politiques. De ce fait, il ne peut présider un parti politique. Et pourtant, nous avons plusieurs courriers que nous a adressés le gouvernement en qualité de parti politique.
Le pouvoir choisi donc parmi les droits civiques de Laurent Gbagbo ceux qui ne lui posent pas problème pour les appliquer ? C'est une autre incurie juridique.

𝐋𝐄 𝐂𝐀𝐒 𝐁𝐋𝐄 𝐆𝐎𝐔𝐃𝐄 𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
Vous m'excuserez cette digression mais c'est juste à titre illustratif.
Le lundi 30 décembre, Charles blé Goudé a été condamné à « 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA » de dommages et intérêts à verser aux victimes. Il était accusé par le pouvoir d' »actes de torture, homicides volontaires et viol ». Là encore, c'est une autre manœuvre du pouvoir pour entraver son cheminement politique.
Cependant, selon les juristes du pouvoir, contrairement à Laurent Gbagbo qui a été condamné par « par défaut », Blé Goudé l'a été « par contumace ». C'est l'article 354 du Code de Procédure Pénale ivoirien qui en parle : « l'accusé absent sans excuse valable à l'ouverture de l'audience est jugé par contumace. »

« Contumace » vient du latin contumacia qui signifie « obstination orgueilleuse », de tumere : se gonfler. Le pouvoir a ainsi estimé que Blé Goudé, privé de passeport et maintenu à la Haye « s'est gonflé » et ne s'est pas présenté au procès.
Mais la condamnation par contumace n'est pas une condamnation définitive et cela est précisé dans l'article 358 qui dit : « si l'accusé condamné par contumace se constitue prisonnier ou s'il est arrêté avant que la peine ne soit éteinte par la prescription, le jugement du tribunal criminel est non avenu dans toutes ses dispositions et il est procédé à son égard à un nouvel examen de son affaire devant le tribunal criminel (…) »

En plus simple, ça veut dire que dès lors que Blé Goudé s'est présenté à un poste de police (c'est obligatoire pour sortir de l'aéroport d'Abidjan) cette condamnation est annulée et un nouveau procès doit avoir lieu. En attendant donc la tenue de ce procès et une éventuelle nouvelle condamnation de Charles blé Goudé, il doit absolument jouir de ses droits civiques et politiques.
C'est pourquoi je suis surpris que le Cojep et son leader, au lieu de faire la liste des ingrédients nécessaires pour la cuisine ne mènent pas frontalement ce débat pour faire éclater la justice. Mais bon, de quoi je me mêle !!

𝐑𝐄𝐕𝐄𝐍𝐎𝐍𝐒 𝐀𝐔 𝐂𝐀𝐒 𝐆𝐁𝐀𝐆𝐁𝐎
Comme cette analyse a pu aisément le démontrer, l'absence du président Gbagbo de la liste électorale est une manœuvre juridique pour écarter un adversaire politique qu'on dit pourtant fini. Et au PPA-CI, nous ne comptons pas nous accommoder de cette injustice. Nous entendons mener ce combat pour la dignité humaine et pour le principe du respect des droits des citoyens. Une élection est une compétition et utiliser des mesures dilatoires pour écarter un adversaire politique ne saurait être accepté. Nous disons une seule chose : vous dites que Gbagbo n'a plus personne avec lui. D'accord, ramenez-le sur la liste électorale et on va vérifier quelque chose ensemble.
Si Laurent Gbagbo n'est pas sur la liste électorale, notre seule option est de l'y ramener.

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Written by Steve Beko

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